Les forces de sécurité afghanes sont toujours confrontées au problème des désertions massives

Récemment, un officier des forces spéciales afghanes a rejoint, avec armes et bagages, les rangs du Hezb-e-Islami, un mouvement insurgé dirigé par le seigneur de guerre Gulbuddin Hekmatyar, proche d’al-Qaïda. Pour gênante qu’elle soit, car elle concerne une unité d’élite et un militaire gradé, cette désertion n’est que l’arbre qui cache la forêt.

En décembre 2012, le général Olivier de Bavinchove, qui était alors le numéro trois de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, avait indiqué que 50.000 soldats quittaient l’uniforme de l’armée nationale afghane (ANA), soit 26% des effectifs.

Un an plus tard, alors que la mission de l’Otan prendra fin en décembre 2014, la situation n’a guère évolué. Et elle a même empiré. Ainsi, selon les chiffres avancés par France24, qui a réalisé un reportage sur ce sujet, ce sont 100.000 soldats et policiers afghans qui ont quitté l’uniforme, soit un tiers des effectifs. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’ils sont allés grossir les rangs de l’insurrection, même si certains le font, en échange d’une somme d’argent.

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Un rapport du Pentagone, publié en 2012, avait déjà constaté le manque d’encadrement de l’ANA, un rythme opérationnel trop soutenu ou encore la culture du « combattant saisonnier ». Et puis les sanctions pour punir les déserteurs ne sont pas que rarement appliquées, quand elles existent.

Interrogé par France24, un soldat qui a déserté après 8 ans de service a expliqué sa « lassitude » et évoqué un « combat inégal ». « Pendant les affrontements, souvent, nos armes s’enraillent, cela m’est arrivé trois fois, elles surchauffent et se bloquent. L’équipement des taliban est bien meilleur, ils ont de vrais kalachnikovs, alors que nous, nous avons des armes chinoises », a-t-il affirmé.

A cela s’ajoute le problème des soldes, versées, avec retard. Et leur montant est insuffisant : « 220 euros par mois, ce n’est même pas assez pour payer un loyer à kaboul » a affirmé le soldat déserteur retrouvé par France24.

Et puis il y a aussi les menaces des insurgés sur les familles des soldats. « Cela arrive souvent que des taliban menacent tout une famille, s’il l’un d’entre eux rejoint l’armée (…) Dans ce cas, le soldat est obligé de retourner dans sa famille pour mettre les siens à l’abri, et de postuler (à nouveau) auprès de nous », a confié à la chaîne française le Colonel Kareemullah, responsable du centre de recrutement de Kaboul.

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