Une armée belge de plus en plus flamande?

Quand la population d’un pays est divisée entre plusieurs communautés, comme la Suisse ou la Belgique, il est essentiel de préserver un certain équilibre au niveau des responsabilités. En 2010, le colonel Luc Gennard, alors commandant de la base aérienne de Florennes, avait jeté un pavé dans la mare en affirmant que les militaires belges wallons étaient mis à l’écart au profit de leurs camarades flamands quand il s’agissait d’attibuer des postes de commandement.

Le chef d’état-major de l’armée belge de l’époque, le général francophone Charles-Henri Delcour, avait répondu que cette situation était dû à un taux d’échec aux tests de bilinguisme plus important chez les Wallons que chez les néerlandophones. D’où la sur-représentation de ces derniers dans la haute hiérarchie.

Cela étant, un groupe de travail avait été ensuite mis en place pour tenter de rétablir l’équilibre linguistique au sein des forces armées belges. Plusieurs recommandations furent ainsi remises. Seulement, trois ans plus tard, rien n’a changé. Pire même, selon le député libéral Denis Ducarme, qui a fait les comptes.

Actuellement, l’équilibre, le rapport chez les généraux entre les flamands et belges est de 70-30%. Mais dans queques mois, avec les départs en retraite, il passera à 82-18% en faveur des néerlandophones.

« Il ne resterait donc plus que 5 généraux francophones contre 22 Flamands », a affimé Denis Ducarme, au quotidien La Libre Belgique. « Ça fait deux législatures que Pieter De Crem est ministre de la Défense et il est clair que le déséquilibre linguistique est arrivé avec lui et ses vagues de nominations dans un rapport de 80-20… », a-t-il ajouté. « Au-delà des chiffres, il y a aussi l’importance des fonctions occupées : sur les 4 composantes de l’armée, il n’y a qu’un seul francophone à la tête de l’une d’entre elles, la Marine », a-t-il encore fait valoir, en soulignant par ailleurs que ce déséquilibre pouvait être constaté au niveau des officiers.

Pour le parlementaire, le ministre belge de la Défense n’aurait tout simplement pas mis en oeuvre les recommandations pourtant votées par la Chambre. Faux, lui a répondu un porte-parole du cabinet de ce dernier. « Les chiffres de Denis Ducarme sont erronés. Je rappelle aussi que la commission parlementaire sur l’équilibre linguistique à l’armée a remis ses conclusions en mai dernier après de longues semaines de travaux… Par ailleurs, le ministre a déjà réalisé certaines des recommandations parlementaire », a-t-il déclaré.

Reste que Denis Ducarme maintient ses estimations en avançant que la « fiabilité » de ses « chiffres est incontestable ». « Ils sont blindés! » a-t-il réagi. Le député et le ministre auront l’occasion d’en discuter lors d’une réunion d’une commission de la Défense, le 22 octobre. Possible qu’il y ait un peu de sport…

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