Cet hiver, il risque de faire froid dans les casernes…

Cette année, le budget de fonctionnement des bases de défense sera consommé dès le mois de novembre. D’où l’application de mesures destinées à faire des économies, comme par exemple le report de travaux d’entretien, la limitation des services de nettoyage, le non-renouvellement de mobiliers ou encore la réduction de la période de chauffage. A Nancy, elle a été retardée de deux semaines et raccourcie d’autant…

Et le projet de loi de finances 2014 n’annonce pas d’améliorations, bien au contraire, puisqu’il prévoit une baisse de 100 millions d’euros supplémentaires des dépenses de fonctionnement, soit 30 millions de plus que prévus initialement par le ministère de la Défense. Toutefois, dans le même temps, un effort a été consenti l’entretien programmé des matériels (EPM) ainsi que sur les équipements, ces derniers bénéficiant d’une enveloppe de 16,5 milliards d’euros, soit un niveau identique à celui de 2012, alors que, dans ce domaine, les coûts augmentent plus vite que l’inflation moyenne.

Quoi qu’il en soit, la baisse constante des budgets de fonctionnement ne cesse d’inquiéter l’amiral Guillaud, qui a abordé ce sujet à plusieurs reprises lors de ses récentes auditions devant les parlementaires.

« L’identification des gisements d’économie pour atteindre l’objectif des 100 M€ d’économies qui nous est assigné dès 2014 est donc un défi majeur et immédiat. À cet égard, les restructurations programmées en 2014 permettront d’y contribuer, mais elles seront largement insuffisantes. À titre d’exemple, la fermeture d’un régiment ne permet d’économiser qu’un peu plus de 2 M€ de fonctionnement en année pleine », a-t-il ainsi expliqué aux sénateurs membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le 10 octobre dernier.

« Dans le format actuel de nos implantations, l’austérité budgétaire et l’exploitation de tout gisement d’économies atteignent leurs limites. Pour réduire les coûts de structure, nous devrons encore nous reconfigurer, c’est-à-dire fermer des emprises et dissoudre des unités. Ces restructurations sont indispensables pour préparer et conduire une transformation cohérente sur la durée de la LPM », avait-il estimé, une semaine plus tôt, à l’Assemblée nationale.

Le souci, comme l’on peut très bien se l’imaginer, est qu’à force de « taper » dans les crédits de fonctionnement, ce sont les conditions de vie et de travail des personnels qui vont se dégrader. Ce qui n’aidera pas à faire remonter le moral des troupes, ce qui aura indirectement, selon le CEMA, une incidence sur leur « aptitude opérationnelle ».

« La garantie d’un fonctionnement courant de qualité est donc, à mes yeux, primordiale pour la qualité de la préparation opérationnelle des forces et notre aptitude à remplir nos missions. Elle est également essentielle pour la préservation du moral du personnel ; nos régiments, nos ports et nos bases aériennes sont aussi des lieux de vie, en particulier pour les jeunes militaires du rang et une partie des sous-officiers », a-t-il plaidé devant les sénateurs.

En outre, l’amiral Guillaud a expliqué que « nos bases, nos ports et nos camps d’entraînement sont des outils de combat à part entière ou y contribuent fortement » car « c’est à partir de ces ilmplantations qu’est réalisée la préparation des forces » et que sont « réalisées les missions permanentes sur le territoire nationale ou certaines missions en opex ». Et, toujours selon le CEMA, cela « pourrait être encore plus vrai à l’avenir, avec le rapprochement géographique de nos zones d’intérêt, qui relativise la notion d »arrière' ».

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