Aucune décision n’a encore été prise pour les 10 autres drones MALE prévus à l’horizon 2019

Selon le projet de Loi de programmation militaire, l’armée de l’Air disposera de 12 drones MALE (Moyenne Altitutde Longue Endurance) à l’horizon 2019. Pour le moment, 2 appareils de type MQ-9 Reaper Block 1 ont été commandés auprès du constructeur américain General Atomics, afin de pouvoir les mettre en oeuvre rapidement au Sahel. Pour cela, une demande portant sur l’autorisation d’acquérir évenuellement jusqu’à 16 vecteurs de ce type a été adressée au Congrès des Etats-Unis, lequel a donné son accord.

Ces deux drones MQ-9 Reaper ne seront pas francisés, du moins dans l’immédiat. Cependant, le général Denis Mercier, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), a indiqué, lors d’une audition devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale », que « ces appareils pourront être ‘rétrofités’ à partir de 2017 dans une configuration identique à celle du Reaper Block 5, ce qui permettra la francisation – ou, plutôt, l’européanisation – de ces capteurs ». Et d’ajouter que « nous réfléchissons en effet en lien avec l’Italie, ainsi qu’avec le Royaume-Uni et nous pourrons y associer d’autres pays qui se doteraient du même type de drones ».

« C’est un programme de travail qui comporte trois volets : d’abord, l’autonomie d’emploi des matériels, dans la lignée des enseignements de nos opérations au Sahel. Ensuite, l’intégration dans l’espace aérien européen, selon une démarche dont l’efficacité suppose, à mon sens, d’avancer de manière pragmatique et bilatérale, en débutant par exemple avec nos partenaires italiens. (…) Enfin, nous pourrons travailler dans le futur à l’intégration de capteurs européens », a encore expliqué le CEMAA.

L’enjeu est donc de pouvoir « franciser » ces drones afin de pouvoir utiliser des capteurs français ou européens et d’en garder la totale maîtrise. En outre, il s’agit aussi de leur faire obtenir une certification délivrée par l’Agence européenne de sécurité aérienne, chose que l’Allemagne n’a pas pu faire avec le drone Euro-Hawk, faute d’avoir eu accès à la documentation technique.

Pour les deux premiers Reaper Block1 destinés à l’armée de l’Air, cela ne sera pas possible. « L’important pour notre autonomie, dans l’immédiat, était de pouvoir choisir librement le satellite que nous utiliserons pour nos deux premiers Reaper. Ce point essentiel est acquis. Certes, le personnel de maintenance de ces appareils est pour l’instant fourni par les États-Unis, mais il n’aura pas accès aux cabines d’opérateurs sans notre autorisation », a cependant assuré le général Mercier.

Le souci est que la possibilité de « franciser » les autres MQ-9 Reaper (Block 5, donc) n’est pas encore acquise, comme l’a récemment admis Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement (DGA). Et il est même possible que les 10 appareils suivants ne soient pas américains…

En effet, d’après le compte-rendu du point presse du ministère de la Défense, « aucune décision ne sera prise avant 2014 » au sujet des prochains vecteurs. « Le choix reste ouvert : une étude complète sera menée en prenant en compte plusieurs facteurs dont la capacité à franciser le drone ».

Aussi, le « ministère de la Défense étudie donc comment franciser les drones disponibles sur le marché ». Deux solutions sont possibles, faute de pouvoir compter sur un appareil européen à court terme. La première est sans nul doute la plus pertinente puisqu’il s’agit d’arriver à trouver un accord avec le constructeur du Reaper. « Elles sont en cours et ne sont pas terminées », avance-t-on du côté de l’Hôtel de Brienne. Et si elles n’aboutissent pas, alors il y aura un plan B, qui risque de ne pas satisfaire grand monde.

« Le cas échéant, poursuit le compte-rendu, pour le Heron TP, IAI a déjà, par le passé, montré avec le Harfang sa capacité à coopérer avec un industriel européen (EADS) pour franciser un drone MALE ». Sauf que cette coopération ne s’était pas très bien passée, justement.

Pour rappel, le choix du Heron TP avait été celui du précédent gouvernement, avec Dassault Aviation dans la boucle pour le franciser, sous le nom de « Voltigeur ». Cette solution permettait de donner du travail au bureau d’étude du constructeur du Rafale et de préparer au mieux la suite. A l’époque, ce projet avait été critiqué par le Sénat, qui avait adopté un amendement (retoqué par les députés ensuite) pour lui couper les crédits.

Quoi qu’il en soit, l’on imagine mal que les 10 drones MALE qui restent à commander ne soient pas des Reaper. Comme le dit le proverbe, « quand le vin est tiré, il faut le boire ».

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