L’aviation israélienne poursuit son entraînement visant à mener des raids sur une longue distance

Aucune avancée notable n’a été obtenue au cours des deux jours de négociations concernant le programme nucléaire controversé de Téhéran, les 15 et 16 octobre, Genève, si ce n’est qu’il a été convenu d’une nouvelle rencontre avec les représentants des 5+1, (5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) et les négociateurs iraniens.

Cependant, il a été fait état de quelques ouvertures au cours de ces deux journées, lesquelles ont permis de prendre la mesure du changement politique incarné par l’élection du nouveau président iranien, Hassan Rohani. Pour Catherine Ashton, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne, les discussions ont été « substantielles et tournées vers l’avenir ». Même chose côté américain, où un diplomate a confié, sous couvert de l’anonymat, « n’avoir jamais eu une conversation aussi directe et franche, aussi détaillée avec les membres de la délégation iranienne ».

En échange d’une levée partielle des sanctions, le groupe 5+1 avait proposé à Téhéran, en mai 2012, de cesser l’enrichissement d’uranium à 20%, de transférer son stock à l’étranger, d’accepter plus de contrôles menés par les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de donner des gages sur la nature civile de son programme civil et, enfin, de fermer son site de Fordow. Ce qui n’avait pas été jugé acceptable par la partie iranienne.

Un an plus tard, lors des dernières négociations tenues à Almaty (Kazakhstan), le groupe 5+1 avait infléchi sa position, en n’exigeant plus la fermeture de Fordow et en autorisant Téhéran à conserver une partie de son uranium enrichi à 20% pour son réacteur de recherche.

« Nous ne permettrons en aucun cas que l’enrichissement d’uranium soit suspendu, limité ou stoppé. Nous pouvons en revanche discuter du niveau, la forme et la quantité de l’enrichissement », avait prévenu, avant la réunion de Genève, Abbas Araghchi, le chef des négociateurs iraniens sur le nucléaire. Toutefois, Téhéran a fait un pas en avant en finissant par accepter le principe d’inspections surprises de ses sites nucléaires par l’AIEA, ce qui avait été pourtant exclu avant le début de la réunion.

Cela étant, cette concession et ce nouveau climat dans les négociations sont loin de satisfaire Israël, qui ne veut à aucun prix que l’Iran puisse se doter de l’arme nucléaire. Même si Téhéran affirme que son programme a uniquement des visées civiles, certains détails laissent supposer le contraire.

Pendant 18 ans, l’Iran a mené un programme d’enrichissement de l’uranium dans le plus grand secret, jusqu’à ce qu’il soit révélé en 2002. Depuis, et malgré les sanctions internationales, cette activité a été poursuivie. Selon l’AIEA, le pays disposerait, à la fin août 2013, 6.774 kg d’uranium enrichi à 3,5%, 186 kg d’uranium enrichi à 20%, 19.000 centrifugeuses, dont 1.000 de nouvelles générations. En outre, Téhéran a été mis devant le fait accompli, en 2009, avec la mise au jour de l’existence de la base de Fordow, jusque-là secrète.

Qui plus est, des expériences de détonique auraient été réalisées, selon un rapport publié par  l’AIEA en novembre 2011, sur le site de Parchin, dont l’accès a toujours été interdit à ses inspecteurs. A cela s’ajoute le réacteur de recherche à eau lourde d’Arak, susceptible de produire du plutonium. Autrement dit, il s’agit d’une autre voie pouvant conduire au développement à l’arme nucléaire. A cela s’ajoute des relations avec le Dr Kahn, père de la bombe atomique pakistanaise…

Voilà donc pourquoi Israël estime que l’Iran doit remplir 4 conditions pour obtenir une levée des sanctions : arrêter d’enrichir de l’uranium, envoyer le stock d’uranium enrichi à 20% à l’étranger, fermer le site de Fordow et mettre un terme à la construction du réacteur à eau lourde d’Arak. On en est encore loin…

Aussi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a évoqué, le 15 octobre, l’éventualité de frappes préventives contre le programme nucléaire iranien, à l’occasion d’un discours prononcé lors de la commémoration de la guerre du Kippour, en 1973, au début de laquelle l’Etat hébreu s’était fait surprendre. Justement, il a souligné ce point en estimant que l’une des leçons de ce conflit était « de prendre au sérieux ses ennemis » et « de ne jamais négliger les signes de danger ».

« Il nous est interdit de renonce à une attaque préventive », a encore prévenu M. Netanyahu, quitte à ce qu’Israël agisse seul. « De telles frappes ne doivent pas se faire automatiquement (…) mais il y a des situations dans lesquelles les réactions internationales à une telle initiative ne valent pas le prix du sang que nous paierions en subissant une attaque stratégique à laquelle nous serions forcés de réagir, et peut-être trop tard », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Une guerre préventive est une des décisions les plus difficiles qu’un gouvernement doive prendre car on ne pourra jamais prouver ce qui se serait passé si on n’avait pas agi ».

Cette position tranchée explique la raison pour laquelle l’aviation israélienne s’exerce à mener des raids sur une longue distance, comme cela a été le cas la semaine passée. « Les escadrons de chasse des forces aériennes israéliennes ont réalisé un vol unique et complexe de longue distance. Au cours du vol, l’équipage s’est entraîné à ravitailler en essence un avion en plein vol. Il a aussi testé la capacité des avions à tenir sur des vols exceptionnellement longs » a expliqué Tsahal, sur son site Internet.

Le commandant d’un des escadrons impliqués dans ces manoeuvres, qui aurait été menée conjointement avec l’aviation grecque, a fait valoir qu’il s’agissait de « s’adapter aux conditions climatiques et aux terrains non familiers », avec la « possibilité de rencontrer de potentielles menaces lors du trajet ». Le quotidien Haaretz y a ainsi vu de « lourds indice qu’il s’agissait d’un exercice pour une possible attaque contre l’Iran ». A dire vrai, l’on ne voit pas d’autres raisons…

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