Selon Christian Mons, président du CIDEF, « un euro investi dans l’industrie de défense rapporte 1,30 euro à l’Etat »

Pour Christian Mons, président du Conseil des industries de défense (CIDEF) et du Groupement des Industries Françaises de Défense Terrestre (GICAT), le projet de Loi de programmation militaire (LPM) n’est pas celui qu’il aurait espéré.

Mais comme les choses auraient pu bien être pires (souvenez-vous du fameux scénario Z), il doit bien faire avec. Ce qui ne l’empêche pas de batailler ferme, y compris devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, où il a eu parfois des échanges assez vifs avec des parlementaires.

Ainsi, Christian Mons estime que le projet de LPM risque de faire prendre à l’industrie de défense française environ 20.000 emplois, étant donné que des commandes de matériels vont être réduites et/ou étalées. « Un certain nombre de nos industriels doivent être en sous-charge dès le début de 2014, certaines s’y trouvant déjà », a-t-il avancé.

Auparavant, le président du CIDEF a tenu à avancer quelques chiffres, en rappelant que l’industrie de défense française « pèse 17 milliards d’euros, exporte 35% de sa production, dégage un solde commercial très positif, emploie 175 000 personnes à forte valeur ajoutée, peu voire pas délocalisables ».

Aussi, a-t-il décrit le secteur de l’armement comme une « industrie à caractère keynésien », en faisant valoir que « tout investissement dans les équipements de défense a, sur l’emploi et sur les compétences, un effet d’entraînement éminent ». Selon lui, « tout euro investi dans l’industrie de défense, au titre d’achats d’équipements ou d’études, rapporte 1,30 euro à l’Etat et 1,60 euros » au Royaume-Uni.

Comment est-il arrivé à ce chiffre – déjà avancé par le livre blanc du CIDEF? « L’exportation a, en la matière, un effet important : quand on exporte, on crée de la richesse, on paie des charges sociales, des impôts. Chaque emploi créé génère par ailleurs des emplois induits », a ainsi expliqué Christian Mons.

Cela étant, une conférence de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) avait posé cette question lors d’une conférence : combien un euro de dépenses militaires rapporte-t-il à l’économie globale?

« Outre le choix du modèle économétrique utilisé, la réponse à toute question de ce type dépend, selon les économistes, de l’évaluation des bénéfices et des coûts. Mais en cette matière, la défense, les bénéfices sont difficiles à évaluer et à mesurer. Bien sûr, il serait possible de chiffrer le coût de la fermeture du détroit d’Ormuz au travers de l’augmentation du prix du baril de pétrole. Mais plus généralement, la légitimité des ressources consenties à la défense dépend finalement de nous, citoyens et contribuables. La défense n’est pas qu’une affaire d’avantages économiques, d’emplois, d’avancées technologiques, d’exportation, de croissance. Elle garantit la sécurité et assure l’indépendance. Quelles ressources sommes-nous prêts à consentir pour garantir notre sécurité collective et assurer notre indépendance dans ce monde en peine restructuration? », peut-on lire dans la synthèse de cette conférence de l’IHEDN.

Mais dans un tableau inséré dans le document, il y a consensus pour dire qu’un euro investi dans la défense rapporte, en moyenne, 1,27 euros à court terme et 1,68 euros à long terme.

Quoi qu’il en soit, pour que cet euro puisse rapporter, il est impératif d’exporter. A ce sujet, Christian Mons a pris sa casquette de président du Gicat pour déplorer la faible enveloppe destinée à l’armement terrestre sur les 730 millions d’euros prévus pour la recherche et le développement technologique (R&T) dans le projet de LPM.

« Le GICAT ne reçoit que 50 millions d’euros de R et T sur les 730, ce qui est très peu pour une industrie importante, et pour une armée qui est engagée très régulièrement dans les opérations extérieure », a-t-il affirmé. En outre, l’industrie française de l’armement terrestre se heurte à la concurrence des pays émergents. Certes, elle présente des matériels « excellents et compétitifs » et « sûrement meilleurs que les leurs » mais ils ne font pas la différence « compte tenu de l’écart de prix ». Et de préciser : « A tonnage équivalent, à puissance moteur équivalente, à niveau de protection équivalent, ils sont deux fois moins chers que les nôtres! ».

Aussi, le CIDEF, par la voix de son président, réclame la mise en place au sein des armées d’une cellule chargée de la présentation des équipements utilisés en opération, comme le font les Britanniques, non sans efficacité. A noter que l’armée de l’Air le fait déjà pour le Rafale…

« On s’est rendu compte, à l’usage, qu’un certain nombre de présentations de matériel, surtout dans le domaine terrestre, étaient ratées, dont des présentations importantes à la presse, l’état-major n’ayant pas mis les meilleures compétences en ligne pour assurer la démonstration, a expliqué Christian Mons. Le fait est : « Lors de l’Eurosatory de l’année dernière, a-t-il rappelé, le Caesar a fait trois fois long feu, les militaires l’utilisant étant équipés d’AuF1 et ne connaissant pas ce matériel. Devant la presse étrangère, c’est du meilleur effet! ».

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