Comme prévu, le budget de la Défense devrait s’élever à 31,4 milliards d’euros en 2014

Selon le projet de loi de finances initiales, présentée par le gouvernement le 25 septembre, le montant du budget de la Défense est maintenu à 31,4 milliards d’euros (hors pensions), soit au même niveau qu’en 2012 et 2013. Ce qui signifie que les ressources allouées aux forces armées ne prennent pas en compte l’inflation, laquelle est par ailleurs supérieure pour ce qui concerne les matériels militaires par rapport au taux moyen constaté chaque année en France (2%). La Loi de programmation militaire (LPM), en cours d’examen au Parlement, prévoit de maintenir cette mesure au moins jusqu’en 2016.

Cela étant, le « socle » du budget de la Défense, c’est à dire son montant hors recettes exceptionnelles (REX) sera de 29,62 milliards d’euros, contre 30,2 milliards en 2013. Ce qui fait une baisse de 1,¨7% environ. Pour atteindre les 31,4 milliards, l’Hôtel de Brienne compte sur 1,8 milliards de REX, dont 1,5 milliards proviendront du Programme d’investissement d’avenir (PIA).

Or, cette somme est tout simplement juste insuffisante (et elle risque d’être moindre si Bercy demande de geler des crédits en cours de route). Comme l’a récemment souligné le chef d’état-major des armées (CEMA), lors d’une audition au Sénat, « aujourd’hui, (les capacités) qui concourent à la protection de nos concitoyens et du territoire national sont précarisées. (…) La couverture radar de notre espace aérien n’est pas optimisée; les capacités nécessaires à l’action de l’État en mer sont déficitaires (…); la posture de dissuasion est tenue, mais sous forte contrainte » et les « opérations extérieures soulignent à chaque fois nos principales insuffisances dans des capacités indispensables au renseignement et à la projection de nos forces ».

Le projet de loi de finances initial prévoit en outre la suppression de « 13.123 emplois (…) dans les secteurs qui ne concourent pas aux missions prioritaires », au premier rang desquels on trouve celui de la Défense… L’on apprend ainsi que la protection de la France et de ses intérêts est donc secondaire, alors que le succès de l’opération Serval, les menaces d’intervention en Syrie et l’annonce d’une présence « renforcée » en Centrafrique auraient pu au contraire laisser penser le contraire…

Quoi qu’il en soit, le ministère de la Défense devra supprimer, en 2014, 7.881 postes, soit l’essentiel de l’effort demandé aux autres missions de l’Etat. Dans le même temps, 11.000 emplois seront créés dans l’Education, la Justice, et la Police (dont la gendarmerie).

La réduction du format des armées ainsi que la non prise en compte de l’inflation dans leurs prochains budgets correspond à la participation du ministère de la Défense aux efforts visant à redresser les comptes publics du pays…

Seulement, il se trouve que l’Etat dépensera un peu plus en 2014 (379,9 milliards) qu’en 2013 (375,4 milliards), que le déficit de son budget sera de 82,2 milliards et que l’endettement de la France représentera 95,1% de son PIB, contre 93,4% en 2013 (prévision) et 90,2% en 2012. Et encore, tout dépendra de l’importance de la croissance économique (Bercy table sur +0,9%). Si les prévisions ne se réalisent pas, alors… Restera à prier (pour ceux qui croient) que les taux d’intérêts ne remontent pas… Car en plus, il faudra emprunter 174 milliards sur les marchés financiers! Il est à se demander si les paris – risqués pour les forces et les industriels – faits dans le cadre de la LPM 2014-2019 sont bien raisonnables…

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