Le rapprochement de Nexter avec Renault Trucks Defense n’est pas encore prêt de se faire

Pour Gérard Amiel, le patron de Renault Trucks Defense (RTD), qui contrôle également ACMAT et Panhard, la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) en cours d’examen au Parlement est synonyme de « traversée du désert » pour les industriels français de l’armement terrestre, étant donné que les livraisons de véhicules blindés vont se faire rares.

« Si le paysage industriel est inchangé pendant les 5 années de traversée du désert que nous impose la Loi de programmation militaire, nous pouvons nous attendre à des conséquences graves sur la pérennité des sites, sur l’emploi et sur le maintien des compétences industrielles », a fait valoir Gérard Amiel, cette semaine, lors d’une audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale. D’où son appel lancé aux parlementaires en faveur d’une évolution du statut de Nexter, entreprise 100% publique, afin d’opérer un rapprochement avec le groupe qu’il dirige.

Le Pdg de RTD défend cette idée depuis maintenant plusieurs année, sans pour autant avoir été jusqu’à présent entendu, alors qu’une telle opération ferait sens dans la mesure où les deux industriels sont complémentaires et qu’ils coopérent déjà sur plusieurs programmes, dont le VBCI (véhicules blindés de combat d’infanterie) et le futur VBMR (véhicule blindé multi-rôles), appelé à remplacer le vénérable VAB (véhicule de l’avant blindé).

En outre, et alors que des rumeurs publiées par la presse font état de discussions entre Nexter et le groupe allemand Krauss-Maffei Weigmann  au sujet d’une possible alliance, Gérard Amiel a estimé qu’il fallait d’abord rapprocher les industriels français de l’armement terrestre avant d’envisager de nouvelles opérations au niveau européen.

Seulement, le patron de Nexter, Philippe Burtin, n’est pas très chaud. Et il a opposé une fin de non recevoir à Gérard Amiel lors de son audition devant la même commisssion de la Défense. Selon lui, pour qu’un tel rapprochement avec RTD puisse être possible, il faudrait qu’il « considère le groupe (Nexter, ndlr) dans son ensemble. Sinon, rien ne se fera. »

Car il n’est pas question pour lui de dissocier le développement et la fabrication de véhicules blindés de l’activité armement et munitions. « Même s’il est organisé en filiales, le groupe est intégré, et les bureaux d’études travaillent main dans la main », a expliqué Philippe Burtin.

Or, seule l’activité « Blindés » de Nexter intéresse RTD. Car si le groupe Volvo, à qui appartient ce dernier, ne voit pas d’inconvénients à fabriquer des engins militaires, il est en revanche très réticent à produire les munitions qui vont avec pour des raisons « morales ». En outre, Gérard Amiel a déjà fait savoir, en novembre dernier, que ce domaine était une affaire de spécialistes et qu’il préférait se concentrer sur son « coeur de métier », c’est à dire la construction de véhicules.

Si RTD et surtout le groupe Volvo ne changent pas de position, il ne sera pas question d’un rapprochement capitalistique avec Nexter, et cela d’autant plus que l’Etat n’est pas favorable à une telle opération si elle devait se faire dans les conditions actuelles. S’il n’y a aucune évolution, le secteur français de l’armement terreste « peut être condamné à voir ses perspectives s’assombrir », a prévenu Gérard Amiel. Nécessité faisant loi, sans doute que les lignes bougeront dans les mois ou les années qui viennent.

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