Une étude britannique souligne l’influence grandissante des jihadistes au sein de l’insurrection syrienne

« Les rebelles syriens croyant dans la démocratie et partisans d’un Etat laïc sont aujourd’hui minoritaires », affirmait, en mai dernier, Paulo Pinheiro, le chef de la commission d’enquête des Nations unies sur la situation syrienne. Ce constat était-il trop pessimiste? Pas vraiment si l’on en croit les conclusions d’une étude de la revue de défense britannique IHS Jane’s, dont le Daily Telegraph s’est fait l’écho ce 16 septembre.

Ainsi, ce rapport, qui se base sur des informations fournis par les services de renseignement ainsi que sur des entretiens réalisés auprès d’insurgés, estime que l’opposition armée au régime de Bachar el-Assad est constituée, pour près de la moitié, d’environ 10% de combattants – dont des étrangers – appartenant à des groupes liés à al-Qaïda et 30 à 35% d’islamistes radicaux, proches des jihadistes. Enfin, un 30.000 rebelles font partie de groupes « ayant un caractère islamique ».

Ce qui signifie, selon cette étude, qu’une « petite minorité des insurgés sont liés à des groupes laïcs ou purement nationalistes. »  Au total, les forces rebelles, toutes tendances confondues, compteraient un total d’environ 100.000 hommes, répartis dans plus de 1.000 brigades.

« L’insurrection est maintenant dominée par des groupes qui ont au moins un point de vue islamiste sur le conflit », a commenté Charles Lister, l’auteur de ce rapport. « L’idée que ce sont plutôt des groupes laïcs qui dirigent l’opposition n’est juste pas confirmée », a-t-il insisté. Et de prévenir : « Si les Occidentaux apparaissent comme n’étant pas intéressés à faire tomber Assad, les islamistes modérés vont alors probablement basculer dans le camp des extrémistes. »

L’influence des groupes jihadistes – en l’occurrence le front al-Nosra et l’Etat islamique d’Irak et du Levant – n’a fait que croître au cours de ces derniers mois. Et cette tendance n’est pas, semble-t-il, pas prête de s’inverser. « Les islamistes sont si nombreux qu’il est à craindre que si l’Occident ne joue pas ses cartes finement, de plus en plus de gens ne se détournent des laïcs que nous soutenons », estime Charles Lister. Et pour cause, ces derniers disposent de ressources leur permettant de donner dans l’aide humanitaire au profit des civils.

En outre, l’étude rappelle que ces groupes jihadistes ont « assassiné plusieurs commandants rebelles de l’Armée syrienne libre dans la province de Lataquié ces dernières semaines, et les habitants disent avoir peur que cela fasse partie d’une campagne visant à gagner un contrôle total sur ce territoire. »

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