Pour le Pentagone, l’armée afghane aura encore besoin de soutien après 2014

Le dernier rapport bi-annuel du Pentagone concernant la situation en Afghanistan enfonce une porte ouverte. Si le document prétend que les forces afghanes ont gagné en efficacité au cours de ces derniers mois, il n’en reste pas moins, souligne le document en question, qu’elles auront besoin encore d’être soutenues quand la mission de l’Otan dans le pays aura pris fin, c’est à dire après 2014.

Ainsi, le document souligne que l’armée afghane mène désormais « presque toutes les opérations de combat » et affirme que les « zones les plus peuplées sont de plus en plus sûres ». Mais elle aura toutefois besoin, poursuit-il, « d’une aide continue et d’un soutien militaire » jusqu’à la fin du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée dans le pays et sous l’autorité de l’Otan jusqu’en 2014.

« Au-delà de cette date », l’armée afghane « aura toujours besoin de formations, de conseils et de soutien – y compris financier – pour compenser ses faiblesses », estime encore le rapport du Pentagone. Il n’y a là aucune véritable surprise.

Par exemple, l’on sait que l’armée afghane va manquer de moyens aériens pour fournir des appui à ses troupes au sol, et cela même s’il est question de la doter d’appareils légers censés remédier à ce déficit capacitaire. Par ailleurs, les forces de sécurité locales subissent de lourdes pertes, presque l’équivalent, en une seule année, de l’ensemble de celles subies par la coalition en plus de 11 ans de présence en Afghanistan.

Pour le moment, l’on ignore encore quel sera le soutien que l’Otan continuera d’apporter aux forces afghanes après 2014. Il dépendra du niveau de la présence militaire américaine dans le pays. Or, les négociations en vue d’un accord stratégique entre Washington et Kaboul sont actuellement au point mort et l’idée d’un retrait total n’est pas exclue. Les Etats-Unis avaient pris une telle décision avec Bagdad, faute de pouvoir obtenir une immunité juridique pour leurs soldats.

Quoi qu’il en soit, la situation afghan n’est pas aussi bonne que le laisse supposer le Pentagone. Ainsi, selon le dernier rapport de la mission des Nations unies en Afghanistan (UNAMA), le nombre de victimes civiles a augmenté de 23% au cours du premier semestre par rapport à la même période, en 2012, avec 1.319 tués et 2.533 blessés.

Toujours d’après l’UNAMA, les insurgés seraient responsables de 74% de ces tués et de ces blessés. Et la mission de souligner que le conflit « frappe de plus en plus les femmes (+61%) et les enfants (+30%) ». « L’augmentation des victimes civiles vient à rebours de la diminution constatée en 2012″, indique l’UNAMA, qui déplore ailleurs que «le gouvernement afghan n’ait pas encore mis en oeuvre les mesures concrètes à même d’en limiter le nombre. »

Les engins explosifs improvisés sont à l’origine de 35% des victimes civiles (443 tués et 917 blessés au cours de la période considérée). Une autre tendance, nouvelle selon la mission des Nations unies, est la hausse de 42% du nombre de civils tués lors d’affrontements entre les insurgés et les forces afghanes.

Un autre point de vue sur la situation afghane est donné par le ministère français des Affaires étrangères, dans ses « conseils aux voyageurs ». Voici ce qu’il écrit, sur son site Internet : « Le retrait progressif des forces militaires de l’OTAN d’ici la fin 2014 et le transfert aux autorités afghanes de la responsabilité de la sécurité sur l’ensemble du territoire vont entraîner une transition complexe et largement imprévisible » et « la saison des combats 2013, qui a véritablement commencé en mai, est d’une virulence toute particulière, tant à Kaboul qu’en province. (…) Face à de nombreuses menaces terroristes d’origine diverse, les risques d’attentats restent donc très élevés dans la capitale et peuvent prendre plusieurs formes. »

Ailleurs qu’à Kaboul, le Quai d’Orsay précise : « Des actions coup-de-poing médiatiques vont se poursuivre contre les forces de la Coalition et les autorités gouvernementales, en particulier dans les provinces du sud, sud-ouest, est et nord (…). Ces opérations ne relèvent pas toutes de l’insurrection mais également de milices incontrôlées, de trafiquants de drogue ou de simples coupeurs de route. »

Enfin, le ministère proscrit « tout projet de voyage touristique en Afghanistan » étant donné que « la situation sécuritaire dans le pays ne s’améliore pas, notamment pour les étrangers. »

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