L’Irak est au bord du gouffre

Plus de 800 personnes ont été victimes de violences en Irak au cours de ce seul mois de juillet. Depuis le printemps, les attentats, visant en particulier la communauté chiite et souvent de grande ampleur, se multiplient et sont même quasi quotidiens, au point que le pays renoue avec la situation qu’il avait connu en 2008, c’est à dire après les violents affrontements inter-religieux des années 2006-2007.

Le 29 juillet encore, 11 voitures piégées ont explosé dans neuf quartiers différents de Bagdad, faisant 34 morts et plus de 130 blessés. Au total, et dans l’ensemble du pays, ce sont plus de 60 personnes qui ont péri dans des violences. Et des journées comme celle-ci ne sont malheureusement pas rares.

Ainsi, la semaine précédente, 22 soldats irakiens et 3 civils ont été tués à Mossoul, lors d’une attaque contre un convoi militaire tandis que, le même jour, des groupes armés ont attaqué des prisons de Taji et d’Abou Ghraib, à Bagdad, afin de faire évader des militants de la banche d’al-Qaïda en Irak. Et l’assaut a été violent puisque 26 policiers, soldats et gardiens y ont perdu la vie…

Aussi, pour les Nations unies, le pire est à craindre. Et encore, il n’est pas question des relations tendues entre Bagdad et la région autonomie du Kurdistan irakien au sujet de l’exploitation pétrolière…

« Je suis extrêmement préoccupé par l’accroissement du niveau des violences qui risquent de faire basculer le pays dans un conflit intercommunautaire », a ainsi estimé le représentant spécial de l’ONU en Irak, Gyorgy Busztin, tout en plaidant pour des « actions immédiates et décisives pour mettre un terme à ce bain de sang insensé ».

« L’Irak est au bord du gouffre », a déclaré Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. « Il revient à ses dirigeants politiques d’éloigner le pays du bord du gouffre et de ne laisser aucune marge de manoeuvre à ceux qui tentent d’exploiter le blocage politique à travers la violence et la terreur », a-t-il ajouté.

Il y a trois semaines, le responsable de la mission des Nations unies pour les droits de l’Homme, Francesco Motta avait parlé du « spectre d’une guerre civile planant sur l’Irak », pays « à la croisée des chemins. »

Et d’expliquer : « L’impasse politique dans le pays, le manque de vision de nombre d’hommes politiques, les influences extérieures venant de la région, de Syrie et d’autres parties (ndlr, de l’Iran), ont un effet déstabilisateur sur l’Irak. (…) Les divisions confessionnelles se creusent et se manifestent dans le pays d’une façon encore plus dangereuse, je dirais, qu’en 2007 lorsque la violence était à son comble et que même le gouvernement ne comptait plus les morts. »

Seulement, en 2006-2007, les forces américaines étaient encore présentes en Irak. Et la stratégie imaginée par le général David Petraeus pour mettre en échec les groupes liés à al-Qaïda (renfort massif et accord avec les tribus sunnites pour combattre les jihadistes notamment) avait permis de faire baisser le niveau de violence. Là, les autorités de Bagdad sont seules aux commandes, avec des moyens militaires limités.

Les forces armées irakiennes viennent tout juste de recevoir les 10 premiers hélicoptères d’attaque Mi-28NE sur les 30 commandés auprès de la Russie en octobre 2012, dans le cadre d’un contrat global de 4 milliards de dollars. Quant aux avions F-16 IQ Block 52 qu’elles attendent, le premier exemplaire ne sera pas livré avant 2014.

Par ailleurs, le Pentagone a notifié au Congrès, la semaine passée, une commande passée par Bagdad portant sur l’acquisition de 50 véhicules de reconnaissance blindés à roue de type Stryker équipés pour la guerre nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), 12 hélicoptères de transport Bell 412 EP et des services de maintien en condition opérationnelle pour les véhicules de ses forces terrestres. Le tout pour un montant de 2 milliards de dollars.

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