Les élus se mobilisent pour ne pas perdre leurs régiments

Avec 24.000 suppressions de postes supplémentaires dans les forces armées, plusieurs  unités vont inexorablement disparaître, et cela, même si le président Hollande avait indiqué, en mai dernier, lors d’une allocution prononcée devant l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN), « éviter des fermetures de sites. »

Pour ne pas avoir à retoucher la carte militaire, la solution aurait consisté à réduire les effectifs par emprise en y supprimant un escadron ou une compagnie. En clair, procéder à un « échenillage. » Hors de question pour les états-majors, pour qui cette option porterait atteinte à l’efficacité des forces.

Aussi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a admis qu’un nombre « limités » de sites militaires allaient être fermer lors de l’exécution de la prochaine Loi de Programmation Militaire (LPM), attendue le 2 août prochain. Tout au plus, moins d’une dizaine d’emprises seraient concernées.

Bien évidemment, les sites qui ont échappé de peu au couperet lors la précédente saignée sont une nouvelle fois en première ligne. Si la Marine nationale devrait être épargnée (encore que, des rumeurs circulaient il y encore peu sur la base navale de Cherbourg), l’essentiel des dissolutions concerneront l’armée de l’Air et l’armée de Terre.

Ainsi, sauvée de justesse en 2008, la base aérienne 116 de Luxueil-Saint-Sauveur est une nouvelle fois dans le collimateur. Troisième employeur de la Haute-Saône, sa disparition serait bien évidemment une catastrophe économique pour le département.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait été maintenue (ou grâce au lobbying d’Alain Joyandet, alors secrétaire d’Etat à la coopération et à la francophonie…). Le maire de la ville, Michel Raison, réussira-t-il à convaincre une nouvelle fois? En tout, il s’est dit déterminé à se battre pour garder les aviateurs à Luxueil.

Autres bases aériennes éventuellement concernées par les restructurations : celles de Tours et de Dijon. Ils ne sera pas question de les fermer à proprement parler mais de  retirer leur activité aérienne. Ainsi, pour la première, l’Ecole de l’aviation de chasse (EAC) serait transférée à Cognac. C’est même quasiment certain.

Quant à l’armée de Terre, elle perdra une brigade de combat sur les 8 qu’elle compte actuellement. C’est, du moins, ce qu’a préconisé le dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN). Quel sera son futur ordre de bataille? Il faudra encore attendre pour le savoir. En attendant, les bruits courent…

Le 3e Régiment d’Hélicoptère de Combat (RHC) serait ainsi une nouvelle fois sur la sellette. Comme la BA de Luxeuil, il avait échappé de justesse à la dissolution en 2008. Pour autant, Etain pourrait éviter de perdre ses militaires étant donné qu’il serait question d’y implanter, en provenance de Chaumont, le 61e Régiment d’Artillerie et ses systèmes de drone tactique intérimaire (SDTI).

Toujours dans l’est, et selon le président du Conseil général des Ardennes, Benoît Huré, qui a reçu des informations « officieuses », l’existence du 3e Régiment du Génie (1ere  Brigade Mécanisée) de Charleville-Mézières serait sérieusement menacée. « Il serait même en tête de peloton », a même assuré l’élu, dans les colonnes du quotidien L’Union. Déjà menacé en 2008, il avait dû son salut aux conséquences que sa disparition auraient provoqué sur le tissu économique local.

« Il y a l’immense implication des militaires dans la vie socio-économique, en termes d’emplois ou d’aménagement du territoire. Fermer le régiment reviendrait à porter un coup très dur à Charleville-Mézières et aux Ardennes. Enfin, on ne peut ignorer l’attachement des Ardennais à l’armée. Ici le militaire est le symbole de celui qui a ramené la paix et la liberté », a-t-il fait valoir, en sonnant le tocsin pour en appeler à « l’union sacrée » pour défendre le 3e RG, présent depuis 1947 dans la cité de Rimbaud.

Autre ville où les élus craignent de perdre leur régiment : Agen, où est implanté le 48e Régiment de Transmissions. le maire, Jean Dionis du Séjour, lors du dernier conseil municipal, le 2 juillet, a sonné le branle-bas de combat pour garder le régiment, ses 1.101 militaires et ses 425 familles de 2.074 personnes, au point de faire même appel à un cabinet spécialisé pour mettre en avant son poids économique.

L’on ne sait si le conseil municipal se fait peur tout seul ou bien si des menaces pèsent vraiment sur cette unité, très sollicitée au cours de ces derniers mois. En tout cas, le président du Conseil général de Lot-et-Garonne, Pierre Camani, et Mme le député (PS) Lucette Lousteau, ont été reçus, le 16 juillet, au ministère de la Défense pour évoquer l’avenir du régiment agenais.

Cette rencontre, a fait savoir la parlementaire sur son blog, « a permis de plaider, à nouveau, en faveur du maintien du 48ème RT à Agen, bien entendu dans une approche socio-économique, mais en s’appuyant également sur son utilité et son efficacité opérationnelles, l’attractivité du recrutement par sa situation au cœur du Grand Sud-Ouest, ainsi que sur les investissements immobiliers réalisés ces dernières années. »

Et d’ajouter que les deux élus ont été « écoutés et rassurés quant à la pérennité de leur Régiment de Transmissions par les conseillers du Ministre ainsi que par son Directeur de cabinet, qui partagent tous (leur) l’analyse. »

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