Des poubelles près d’un monument dédié à un héros de la Grande Guerre

Alors que l’on s’apprête à entrer dans le cycle des commémorations liées au centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, la municipalité de Montauban a pris une initiative que certains jugent malheureuse, voire même de mauvais goût en installant des conteneurs à déchets près d’un monument dédié à une gloire de la ville, à savoir le lieutenant Léon Bourjade, un as de l’aviation militaire française.

Un premier monument avait été érigé après la guerre pour rendre hommage à cet aviateur. Mais il fut détruit en 1943 par l’occupant allemand pour en récupérer le bronze. Cinq ans plus tard, il fut à nouveau inauguré lors de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918.

« Et voilà que 65 ans plus tard, on lui impose comme punition à perpétuité, de devoir cohabiter avec les ordures ménagères des Montalbanais du secteur ou de passage car des automobilistes s’arrêtent pour contribuer à l’enrichissement de ce dépotoir souterrain même s’il répond aux critères du tri. Le plus mauvais tri ayant été fait dans le choix de l’implantation », peut-on lire dans les colonnes du quotidien La Dépêche, qui a livré cette information.

Le lieutenant Léon Bourjade était un personnage atypique. Né le 25 mai 1884, il se destine à une vie religieuse et devient novice chez les Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus d’Issoudun. Sa congrégation ayant été interdite en France par le gouvernement anticlérical de l’époque, il poursuit sa vocation en Espagne, avant de rejoindre Fribourg, en Suisse, pour y étudier la théologie. C’est là que la guerre va le surprendre.

Mobilisé au 23e Régiment d’Artillerie, alors implanté à Toulouse, Léon Bourjade, alors maréchal des logis, obtient une première citation à l’ordre de l’armée, en 1915, pour avoir « constamment donné le plus bel exemple de courage, d’énergie et de sang-froid » et s’être distingué devant l’ennemi.

En 1917, il est versé dans l’aviation. Après une formation de six mois pour apprendre à piloter, il est affecté à l’escadrille SPA 152, engagée dans la Somme. Sa foi religieuse ne l’ayant jamais quitté, il fait fixer sur la carlingue de ses avions une plaque représentant le portrait de Sainte Thérèse de Lisieux (qui n’était pas encore canonisée à l’époque, ndlr).

Il se spécialise ensuite dans la chasse aux ballons d’observations allemands de type Drachen. Une tâche dangereuse car ces derniers sont très bien défendus et de nombreux pilotes y ont alors laissés la vie. Quoi qu’il en soit, le jeune aviateur, qui sera promu lieutenant, ouvre son compteur en mars 1918, en obtenant sa première victoire. Vingt-sept autres (officielles) suivront, dont une sur un Fokker, en 254 heures de vol et 67 combats aériens.

« Officier pilote d’une bravoure et d’une audace peu communes », le lieutenant Bourjade est fait chevalier de la Légion d’Honneur en juin 1918, puis officier dans le même ordre deux ans plus tard.

Après la guerre, le lieutenant Bourjade est démobilisé. Il peut alors reprendre la vie qu’il menait avant et se tourner vers les projets qu’il nourrissait. En 1921, il est finalement ordonné prêtre. Dans la foulée, il s’envole vers la Papouasie, où il va demeurer auprès d’une tribu qui pratiquait le cannibalisme. Vivant dans des conditions extrêmement difficile, il s’éteint le 22 octobre 1924, vaincu par la maladie.

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