Le Congrès ouvre une enquête sur la mort de 22 Navy SEALs dans la chute d’un hélicoptère en Afghanistan

Le 6 août 2011, un hélicoptère Chinook fut abattu par une roquette tirée par des insurgés dans la province de Wardak, en Afghanistan, alors qu’il était engagé dans l’opération Extorsion 17. Au total, 38 militaires américains et afghans y perdirent la vie.

Les circonstances de ce drame ne manqua alors pas d’interroger étant donné que, parmi les victimes, se trouvaient 22 commandos appartenant au Team 6 des Navy SEALs (ou DevGRu), c’est à dire l’unité qui mena le raid, quelques semaines plus tôt, contre Oussama Ben Laden, à Abbottabad, au Pakistan.

Seulement, et d’après Military Times, les Navy SEALs tués dans la chute de ce Chinook appartenaient au Gold Squadron alors que l’opération ayant permis d’éliminer celui qui était alors chef d’al-Qaïda avait été réalisée par le Red Squadron du DevGru, qui compte environ 300 hommes dans ses rangs.

Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins qu’il subsiste des zones d’ombres autour de cette affaire, au point que, à l’initiative de Jason Chaffetz, un représentant (Parti républicain) de l’Utah, par ailleurs président du sous-comité sur la sécurité nationale et des opérations étrangères, une enquête va être ouverte par le Congrès pour y voir plus clair. Et cela parce que les familles des militaires tués dans la chute de l’hélicoptère estiment que le Pentagone ne leur a pas donné des réponses satisfaisantes aux questions qu’elles se posent sur les circonstances du décès de leurs proches.

Officiellement, le Chinook a donc été abattu par une seule roquette. Pour le Pentagone, il ne s’est pas agi d’un coup monté mais d’un tir d’opportunité effectué par des insurgés qui se trouvaient là presque par hasard et qui ne pouvaient par conséquent pas savoir que des Navy SEALs appartenant au DevGru se trouvaient à bord de l’appareil.

Sauf que, selon Charlie Strange, le père d’un des commandos tués, les insurgés se seraient vantés sur Internet d’avoir porté un coup à la Team 6 très peu de temps après avoir abattu le Chinook… Comment pouvaient-ils connaître la qualité des passagers de l’hélicoptère? Qui plus est, dans les transcriptions figurant dans le rapport de 1.000 pages au sujet de ce drame, l’hypothèse d’une « embuscade établie » a été avancée, selon The Hill, un journal de Washington.

Un autre élément qui mérite d’être tiré au clair est que les 7 membres des forces spéciales afghanes qui devaient prendre place à bord du Chinook furent remplacés à la dernière minute. Interrogé par The Hill, un fonctionnaire du Pentagone a indiqué ne pas pouvoir en parler, avant d’être interrompu par un de ses collègues.

Quoi qu’il en soit, les familles endeuillées des Navy SEALs ont ainsi rapporté que leurs proches ne faisaient pas confiance aux militaires afghans. L’un des commandos américains tué aurait confié à leur sujet qu’ils étaient « loyaux avec le plus offrant ».

L’enquête lancée par le représentant Jason Chaffetz cherchera aussi à savoir pourquoi la boîte noire de l’hélicoptère n’a pas pu être récupérée. Pour le Pentagone, il était impossible de le faire. Ce qui est, pour l’élu de l’Utah, « terriblement bizarre. »

D’autres questions posées par les familles portent sur la configuration du Chinook, qui, affirment-elles, n’était pas équipé pour mener la mission dans laquelle il était engagé, ainsi que sur la cérémonie organisée sur la base de Bagram pour rendre hommage aux disparus. Devant les corps des victimes, un imam aurait déclaré, en arabe, que les militaires américains devaient « aller brûler en enfer ».

Le Pentagone n’a pas répondu sur le dernier point. En revanche, il a fait valoir que « la planification opérationnelle et l’exécution de cette mission était compatible avec les précédentes » et qu’elle a fait l’objet d’une « enquête approfondie. » Et d’ajouter : « Nous partageons la douleur de toutes les familles qui ont perdu leurs proches. La mort de 38 militaires américains et afghans a été une perte tragique lors d’une campagne difficile. »

Certaines familles sont soutenues par l’organisation Freedom Watch, dirigée par Larry Klayman, un juriste qui, bien que proche du Parti républicain, a aussi bien lancé des procédures contre les administrations Clinton et Bush Jr. « C’est un scandale encore plus grand que Benghazi », a-t-il déclaré. « Nous avons sacrifié 30 soldats américains. La grande question est de savoir si ces Américains courageux ont été vendus par le gouvernement afghan comme moyen de paiement aux taliban pour la mort de Ben Laden », a-t-il poursuivi.

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