L’armée israélienne réforme ses matériels les plus anciens
En dépit d’un contexte régional pour le moins explosif, les forces armées israéliennes n’échappent pas aux contraintes budgétaires. Comme l’a rappelé, la semaine passée, leur chef d’état-major, le général Benny Gantz, l’effort qui leur est demandé porte sur environ 1,5 milliard d’euros d’économies.
« Durant mes douze années au sein de l’état-major, je ne me rappelle pas de quelque chose comme ça », a relevé le général Gantz. Du coup, Tsahal va devoir s’adapter à cette nouvelle donne tout en maintenant ses capacités. « Nous vivons dans un environnement difficile (…) Par conséquent, nous sommes chargés de maintenir la vigilance, la surveillance du renseignement, la capacité de passer d’une situation à l’autre à la vitesse maximale, car lors d’une guerre il y a toujours des imprévus », a insisté l’officier.
Outre le dossier du nucléaire iranien, Israël garde un oeil inquiet sur la situation dans le Sinaï, où des éléments terroristes profitent de l’instabilité politique en Egypte pour s’y renforcer. D’ailleurs, Tsahal a installé, près d’Eilat, et donc de la frontière, une batterie anti-roquettes et missiles Iron Dome afin de parer à toute éventualité.
En outre, le conflit syrien créé « un espace instable ». Et selon le général Gantz, « pas un jour ne passe sans qu’un incident ne se propage à partir de la Syrie vers le Liban », voire même vers le plateau du Golan, où les incidents ont été nombreux ces derniers temps. Enfin, si la bande de Gaza est « relativement calme » depuis l’opération Pilier de Défense, lancée en novembre dernier, le chef de Tsahal a indiqué que « les organisations terroristes continuent de s’y renforcer à travers les activités de contrebande en produisant leurs propres armes. »
Aussi, pour garder ses capacité de réaction et d’intervention tout en disposant de moins de ressources financières, une réforme est inévitable. « Rien de tout ça ne se fait dans la négligence- nous agissons à travers une prise de décision responsable, stable et prudente, et nous sommes conscients que certains de ces changements diminueront les ressources internes de l’armée israélienne », a expliqué le général Gantz.
« Les rendements des coupes budgétaires viendront en deux, trois ou quatre ans, ce qui signifie que les forces de Tsahal seront plus petites, beaucoup plus fortes, beaucoup plus habiles et beaucoup mieux équipées », a-t-il précisé, avant d’insister sur la nécessité « d’oser le changement même si il est beaucoup plus confortable de rester dans un environnement familier. »
Du coup, puisqu’elles doivent prendre du muscle, les forces israéliennes vont se débarrasser des équipements qui ne lui seront plus d’aucune utilité étant donné que des unités, essentiellement celles composées de réservistes, vont être dissoutes ou regroupées. En outre, le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, a fait valoir que « le matériel de la guerre de Kippour n’est plus adapté à l’époque actuelle. »
Ainsi, le programme pluriannuel Teuza (Audace) a été mis en place pour vendre les matériels devenus superflus. Et dans cet inventaire à la Prévert, l’on trouve des chars Merkeva Mk.1, soit la plus ancienne génération dont plus de 400 exemplaires ont été mis en service depuis 1979, des blindés M-60 (ou Magach 6/7), des Hummer cédés par l’armée américaine, des avions de combat (en principe, des F-4 Skyhawk), des canons et même des navires de guerre.
Ces matériels seront stockés dans un premier temps sur les bases de Tsahal, dans l’attente de trouver preneur. Les clients potentiels se trouvent en Afrique, en Amérique du Sud ou encore en Asie. Par le passé, Israël avait ainsi revendu des avions Kfir (ndlr, un dérivé du Mirage III de Dassault) à la Colombie, à l’Equateur et au Sri Lanka. Si personne n’est intéressé, alors ces équipements seront envoyés à la ferraille.
