Syrie : Le torchon brûle entre l’Armée syrienne libre et les jihadistes liés à al-Qaïda

Il y a un trois semaines, un porte-parole de l’Armée syrienne libre a indiqué que les armes attendues par cette composante de la rébellion syrienne ne seraient utilisées que pour combattre le régime de Bachar el-Assad. Sous-entendu : elles ne serait pas employées contre les groupes jihadistes qui ont pris pied en Syrie, en particulier le Front al-Nosra, lié à al-Qaïda.

Pourtant, le président Hollande a estimé que l’ASL devait reprendre les secteurs contrôlés par ces formations jihadistes, coupables de nombreuses exactions, pour éviter qu’ils ne soient les « bénéficiaires d’une situation de chaos » que le régime syrien en tire le « prétexte pour continuer les massacres. »

Depuis ces déclarations, la donne semble avoir changé. Et il s’agit peut-être d’un tournant dans la crise syrienne. En effet, Abou Bassir al Ladkani, de son vrai nom Kamal Hamami, a été tué avec son frère dans le port de Lattaquié par des combattants islamistes se réclamant du groupe de « l’Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL). Or, il se trouve qu’il était un des responsables de premier plan du Conseil militaire suprême de l’ASL.

Les témoignages sont à prendre à précaution mais des dirigeants de l’opposition syrienne ont affirmé que Kamal Hamami a été tué alors qu’il participait à une réunion avec des combattants de l’EIIL.

Mais le porte-parole du Conseil militaire suprême de l’ASL, Louay Mekdad, a  donné une autre version en affirmant qu’Abou Ayman al-Baghdadi, le chef de l’Etat islamique d’Irak, avait lui-même abattu Kamal Hamami et son frère à un barrage routier.

D’une manière générale, et cela a été souligné par commission d’enquête des Nations unies sur la situation en Syrie, les groupes jihadistes prennent l’ascendant sur l’ASL et les factions modérées de la rébellion syrienne. Et dans ce contexte, l’EIIL, qui fédére l’Etat islamique d’Irak (ISI) et le Front Al-Nosra, cherche à s’imposer dans les zones « libérées ».

Quoi qu’il en soit, l’assassinat de Kamal Hamami est une déclaration de guerre pour l’ASL. « Nous allons les balayer », a lancé un de ses commandants, en parlant des jihadistes. « Nous n’allons pas les laisser s’en sortir comme cela, vu qu’ils veulent nous prendre pour cible », a-t-il ajouté.

Cela étant, les heurts entre l’ASL et les jihadistes seraient de plus en plus fréquents si l’on en croit l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG proche de l’opposition. « Vendredi dernier, l’Etat islamique a tué un rebelle de l’ASL dans la province d’Idlib et l’a décapité », a ainsi avancé son responsable, Rami Abdelrahman.

Si l’ASL prend clairement parti contre les groupes jihadistes, alors cela devrait favoriser la livraison des armes qu’ils réclament. Jusqu’à présent, et si certains responsables politiques sont prêts à les leur fournir, d’autres se montrent beaucoup plus prudents à ce sujet.

Ainsi, selon l’agence Reuters, qui a cité des sources officielles américaines anonymes, les commissions du renseignement du Congrès américain bloqueraient actuellement tout projet de livraison d’armes aux rebelles syriens, afin d’éviter qu’elles ne tombent entre les mains des jihadistes.

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