Les armées manquent de réservistes

Les objectifs fixés lors de la Loi de Programmation Militaire 2009-2014 en matière de recrutement de réservistes opérationnels n’ont pas été atteints. Loin de là. C’est le constat qu’a dressé le contre-amiral Antoine de Roquefeuil, secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées.

Si elle avait une bonne image avant la suspension de la conscription, la réserve est aujourd’hui méconnue. Selon un sondage réalisé l’an passé, 8 personnes interrogées sur 10 pensent qu’elle a été supprimée en même temps que le service militaire. Dans ces conditions, il est devient compliqué de recruter des réservistes, lesquels restent pourtant indispensables aux forces armées.

Comme l’a expliqué le contre-amiral de Roquefeuil, « sans cette réserve opérationnelle, les armées ne peuvent pas remplir leur contrat opérationnel. Concrètement, sans elle, les hôpitaux des armées ne fonctionneraient pas complètement, car des chaînes entières seraient obligées de s’arrêter, la surveillance du territoire et celle de la façade maritime ne seraient pas assurées. »

Or, l’objectif fixé par la LPM 2009-2014 était de passer de 60.000 à 80.000 réservistes en 2015, gendarmerie comprise. Seulement, « une véritable divergence s’est alors installée entre une LPM ambitieuse et un état de la réserve qui ne cessait de s’éroder au fil des années, contribuant à déstabiliser celle-ci », a avancé l’officier.

Du coup, au lieu de compter 40.000 réservistes en 2015 pour les forces armées, leur nombre est tombé à 27.000 en 2012. Qui plus est, « le volume d’activité suit une courbe descendante de 1,3 million de jours en 2011 à 1,15 million de jours en 2012. En termes budgétaires aussi la décroissance est continue, passant de 78 millions en 2010, à 74 en 2011 pour finir à 71 en 2012 », a précisé le contre-amiral de Roquefeuil.

En outre, la réserve opérationnelle manque aussi l’objectif d’être un lien entre l’armée et la Nation. Tout simplement parce que la part des anciens militaires parmi les réservistes a « complétement explosé », notamment en raison de la « forte décroissance des anciens conscrits » et des « restrictions budgétaires » qui ont contraint les armées à se tourner vers leurs anciens personnels, lesquels n’ont pas besoin de formation.

« En tenant un discours de soutien très fort à la réserve tout en acceptant parallèlement des restrictions budgétaires et des dispositions allant à l’encontre de ce discours, les autorités politiques entretenaient chez les réservistes et leurs responsables un doute sur leurs véritables intentions », a déploré le contre-amiral de Roquefeuil.

Le dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN), publié le 29 avril, n’a pas manqué de souligner l’importance de la réserve et préconise même de lui faire jouer un rôle encore plus étendu, notamment dans certains domaines qui demandent des compétences particulières, comme par exemple la cyberdéfense.

Pour le contre-amiral de Roquefeuil, 5 orientations devraient probablement être définies dans le cadre de la prochaine LPM à ce sujet : « une réserve sans doute plus compacte, plus professionnelle, résultant de la nécessité d’une présence de vingt jours, un recrutement volontairement dirigé vers des réservistes issus de la société civile,  une gestion budgétaire rigoureuse donnant au réserviste la plus grande visibilité (…), le développement de réseaux d’experts dans des domaines à déterminer et  le repositionnement de la réserve citoyenne. »

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