Le nouveau chef de l’Eurocorps s’alarme de la « démilitarisation des nations occidentales »

La semaine passée, le général français Olivier de Bavinchove a laissé le commandement de l’Eurocorps à son homologue belge Guy Buchsenschmidt, qui était jusqu’alors le chef d’état-major de cette structure européenne.

Créé en 1992 grâce à une volonté franco-allemande, l’Eurocorps est constitué par 5 nations-cadre (France, Allemagne, Belgique, Espagne, Luxembourg) et 4 pays associés (Grèce, Pologne, Turquie et Italie). En outre, les Etats-Unis ont récemment demandé d’y prendre part en tant que « nation associée ». En cas de déploiement, il se voit subordonner les forces nécessaires à sa mission, soit environ 60.000 hommes.

Cela ayant été précisé, le général Buchsenschmidt, a fait part de son intention de se placer dans la continuité de son prédécesseur français. « Je ne remets pas en cause ses initiatives. L’Eurocorps doit clairement se positionner dans un concept de projection de forces internationales. Il va falloir dans les deux ans qui viennent mettre en œuvre des moyens terrestres et aériens », a-t-il affirmé au quotidien L’Alsace. « Si on pouvait projeter l’Eurocorps dans le cadre d’une mission de l’Union européenne, ce serait une très bonne chose… « , a-t-il espéré.

« L’Eurocorps est une structure originale dont la caractéristique est l’interopérabilité. Nous sommes un Etat-major certifié Otan, mais nous pouvons aussi nous déployer sous la bannière de l’Union européenne et je compte faire du lobbying – au sens noble du terme – pour démontrer que cette opportunité est réelle », a précisé le général Buchsenschmidt, à la Libre Belgique.

D’ailleurs, l’officier a donné au quotidien belge les défis qui l’attendent au cours des deux prochaines années. Il entend ainsi remédier à certaines insuffisances qui affectent l’Eurocorps, notamment en matière de renseignement et de forces spéciales, une « capacité rare et chère dont ne nous dotent pas les nations » et souhaite également intégrer des moyens aériens et maritimes.

Quant à l’intégration de 7 officiers américains au sein de l’Etat-major, le général Buchsenschmidt l’a juge « indispensable » car cela permettra « des échanges d’expériences, une meilleure connaissance de la culture militaire américaine et, à terme, des contacts plus affinés avec l’Otan. » Un autre dossier qui l’attend est la demande polonaise et roumaine de faire partie des nations cadres. « Le processus aboutira fin 2015 en ce qui concerne la Pologne », a-t-il confié. En revanche, la Roumanie devra très certainement passer son tour.

Le principal sujet d’inquiétude du général belge concerne les moyens qui lui seront donnés dans un contexte marqué par des coupes dans les budgets militaires des pays de l’Union européenne. Cela dit, il ne craint pas « diminution massive des effectifs », car ce serait un « signal politique trop mauvais ». Mais, a-t-il poursuivi, « la démilitarisation des nations occidentales me semble extrêmement alarmante dans un monde multipolaire confronté qui plus est à de colossaux défis environnementaux, économiques et sociaux. »

Et cela alors que différentes études mettent en évidence que les dépenses militaires des pays asiatiques sont désormais supérieures à celles que les nations européennes consacrent à leur défense.

Or, si le général Buchsenschmidt admet que les armées modernes auront moins besoin de de « chars d’assaut », il n’en reste pas moins elles auront toujours recours à « des moyens humains importants », surtout pour ce qui concerne les forces terrestres. « L’heure n’est pas à la réduction des moyens mais à l’adaptation physique des armées », a-t-il conclu.

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