Défense : La Chine renvoie le Japon à son passé

Chaque année, le gouvernement japonais publie une sorte de livre blanc sur la défense, qui est en fait une évalution du contexte géo-stratégique dans lequel évolue le Japon. Aussi, les rapports se suivent et se ressemblent. Sauf que dans celui publié la semaine passée, Tokyo a mis l’accent sur les incidents multiples qui ont eu lieu avec la Chine au sujet des îles Senkaku/Diaoyu, revendiquées à la fois par les deux pays, mais également par Taïwan.

Cet archipel convoîté, dont les fonds sous-marins recèleraient des gisements potentiels d’hydrocarbure, appartient au Japon. Ce qui n’empêche pas la Chine d’y envoyer des navires de son administration maritime ainsi que des avions. A plusieurs reprises, l’histoire a failli mal tourner. Ainsi, au début de cette année, par exemple, le radar de tir d’une frégate chinoise s’était verrouillé sur un destroyer japonais…

Et c’est bien d’ailleurs ce qu’a souligné le livre blanc japonais, pour qui les actions chinoises « auraient pu entraîner des situations d’urgence ». Aussi, le document, qui parle de l’attitude de la Corée du Nord, et en particulier de son programme nucléaire et de missiles balistiques, estime que la sécurité du Japon encourt « une grave menace ».

Cela étant, Tokyo n’a pas attendu la sortie de cette évaluation pour prendre des mesures, avec la hausse de ses dépenses militaires (une première en 10 ans), le renforcement des moyens de défense dans le secteur des îles Senkaku ainsi que l’acquisition de capacités amphibie afin de reprendre par la force l’archipel, le cas échéant.

Quoi qu’il en soit, et comme l’on pouvait s’y attendre, Pékin, comme tous les ans, a critiqué le livre blanc japonais. « La Chine suit une voie de développement pacifique et poursuit une politique de défense nationale de nature défensive », a indiqué Mme Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Et d’ajouter que son pays est « transparent dans ses intentions stratégiques militaires » et qu’il « ne représentait de menace pour aucun pays. » Sauf que le montant des ressources allouées aux forces armées chinoises reste un mystère et que ces dernières se dotent progressivement d’armements qui ne manquent d’interpeller les analystes.

« Le développement de la défense nationale chinoise vise seulement à maintenir la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et la paix et la stabilité dans la région et le monde », a encore poursuivi Mme Hua Chunying. Là encore, il y a une certaine ambiguité.

En effet, étant donné que Pékin considère comme siennes les îles Senkaku/Diaoyu, les incursions des navires et des avions chinois dans ce secteur ne seraient donc pas vu comme des actes agressifs…

Comme en escrime, la porte-parole de la diplomatie chinoise a fait une parade-riposte. Après donc avoir défendu la politique de Pékin en matière de défense, elle a renvoyer le Japon à son propre passé, qui n’est pas des plus glorieux, en faisant notamment référence à la Seconde Guerre Mondiale.

« A cause des facteurs historiques, le développement militaire du Japon est cependant étroitement suivi par ses voisins asiatiques », a-t-elle ainsi lancé. « La partie japonaise brandit ‘la menace chinoise’ et crée délibérément des tensions ces dernières années », a-t-elle avancé, en laissant entendre que la communauté internationale nourrissait quelques « préoccupations » au sujet de « l’expansion militaire continue » japonaise.

« Nous espérons que la partie japonaise respectera la tendance historique, mènera avec sérieux son propre examen, procédera à une introspection concernant son histoire d’agression et oeuvrera davantage pour sauvegarder la paix et la stabilité », a-t-elle conclu.

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