Le marché mondial de l’armement n’a pas fini de progresser

Selon le dernier rapport publié pae IHS Jane’s, le commerce mondial des armes a augmenté de 30% entre 2008 et 2012, passant de 56,5 à 73,5 milliards de dollars, et pourrait même doubler d’ici 2020 si cette progression se poursuit à ce rythme.

Cette dernière étude confirme des tendances constatées par des rapports antérieurs. Ainsi, cmme le souligne Paul Burton, analyste de cabinet de consultants spécialisés dans les affaires de défense, « deux choses sont en train de se produire : les budgets de la défense se déplacent à l’est et la compétition internationale s’accroît sur le marché de l’armement. On assiste à la plus grande explosion du commerce mondial d’armes que le monde ait jamais connue. »

Confrontés à une baisse de la demande intérieur, les industriels occidentaux du secteur sont encore plus actifs pour décrocher des contrats à l’étranger. Seulement, ils doivent faire face à la concurrence de pays émergents qui, ne pouvant pas toujours compter sur la qualité et la technologie avancée, jouent sur la différence des prix. D’où cette compétition acharnée évoquée par Paul Burton.

Au niveau des exportations d’armement, la première place revient toujours aux Etats-Unis. Quant à l’Europe occidentale, ses parts de marché ont baissé sensiblement en 4 ans, passant de 34,5% à 27,5%.

Mais s’il y a des perdants, il y a aussi des gagnants. Et ces derniers se trouvent notamment dans la région Asie-Pacifique, dont les parts de marché ont progressé de 3,7 à 5,4% de 2008 à 2012. Et cela grâce surtout à la Chine, qui a vu ses ventes d’armes doubler et passer de la 10e à la 8e place des exportateurs mondiaux. A noter la belle performance de la Corée du Sud et d’Israël. « Les exportations israéliennes sont vraiment impressionnantes », alors que « de nombreux pays musulmans refusent de faire affaire avec eux », a souligné Ben Moores, un autre analyste d’IHS Jane’s.

Pour autant, tout n’est pas si sombre pour les européens. Déjà, certains pays parviennent à maintenir leurs parts de marché. C’est le cas du Royaume-Uni qui, si l’on s’en tient aux carnets de commande des industriels, devrait augmenter ses ventes à l’étranger de 25% d’ici à 2015. Quant à la France, elle figure à la 3e place des exportateurs mondiaux, derrière les Etats-Unis et la Russie. En revanche, l’Allemagne ne peut pas dire autant, ses exportations ayant chuté de 8 à 4,5%.

En outre, la progression chinoise, aussi spectaculaire soit-elle, devra être confirmée dans les années à venir. Or, la qualité de ses armements est sujette à caution. Récemment, l’Equateur a ainsi fait part de son intention de renvoyer des radars de surveillance aérienne de conception chinoise et d’annuler le contrat de vente…

En outre, et pour cette raison, Pékin a du mal à percer au Moyen Orient. Et le marché indien lui est fermé. Or, l’Inde, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis restent les plus gros importateurs d’armes, en captant 25% du marché à eux trois. En revanche, la Chine « se débrouille plutôt bien pour exporter auprès de ses voisins régionaux », note IHS Jane’s.

D’ailleurs, c’est la région Asie-Pacifique qui risque d’offrir le plus de débouchés à l’horizon 2021. A partir de cette année, les dépenses militaires des pays de cette zone dépasseront celles des Etats-Unis et du Canada réunis, avec 501 milliards de dollars (+35%), la cause étant déjà entendue pour l’Europe.

Cela étant, même avec une baisse d’un quart des ressources allouées au Pentagone, les Etats-Unis resteront quand même la première puissance militaire mondiale, avec un budget de la défense d’un montant évalué à 472 milliards de dollars. La Chine, avec sans doute 207 milliards estimés, rattrapera peu à peu son retard. Enfin, la Russie (106 milliards, +80% de hausse), devrait compléter le podium. Toujours à l’horizon 2021, la France pourrait se classer à la 7e place (elle est 6e actuellement).

Globalement, la somme des dépenses militaires mondiales devrait augmenter de 9,3% dans les 8 ans qui viennent et atteindre les 1.650 milliards de dollars, grâce, manifestement, aux pays de la région Asie-Pacifique.

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