Une aide accrue pour la rébellion syrienne

Réunis ce week-end à Doha, au Qatar, les dirigeants des 11 pays « Amis de la Syrie », dont la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont convenu d’apporter une aide en urgence à la rébellion syrienne, plus précisément à l’Armée syrienne libre (ASL) et réclamé le retrait immédiat des combattants libanais du Hezbollah et iraniens, lesquels soutiennent les forces restées loyales au régime de Bachar el-Assad.

Selon le communiqué diffusé à l’issue de la réunion, chaque pays apportera son aide « à sa manière ». Il s’agit, toujours d’après le texte, de « permettre à la rébellion de faire face aux attaques brutales du régime et à protéger le peupe syrien. » Mais l’idée est aussi de permettre à l’opposition syrienne de regagner du terrain face aux forces de Bachar el-Assad dans l’optique de la conférence internationale Genève 2, dont l’objectif sera de trouver une issue politique au conflit, qui a débuté en mars 2011.

Cette aide, consistant essentiellement à la livraison de matériels et très vraisemblablement d’armes, sera « canalisée » par le Haut conseil militaire de l’ASL. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait savoir qu’elle avait fourni à la rébellion des traitements anti gaz sarin.

L’on sait également que des équipements « non létaux » ont été envoyés aux insurgés. Quant aux armes, le chef du Quai d’Orsay avait affirmé, le 20 juin, qu’il était exclu de livrer des armes susceptibles de « se retourner » contre la France. Avant la réunion, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait indiqué que son pays n’avait pas pris de décision à ce sujet. Ce qui peut paraître étonnant dans la mesure où les deux pays ont obtenu que l’UE mette un terme à l’embargo sur les armes à destination de la Syrie…

Par ailleurs, interrogé alors qu’il était en Jordanie après avoir été Doha, le président Hollande a refusé de préciser si l’aide française consistait également à former militairement les rebelles de l’ASL, comme le font les Etats-Unis. Selon le Los Angeles Times, des instructeurs de la CIA et des forces spéciales américaines entraîneraient les insurgés depuis des mois dans des camps situés en Jordanie et en Syrie. Chaque session de « formation » dure 2 semaines et concerne entre 20 et 45 combattants de l’ASL.

De son côté, l’Arabie Saoudite envisagerait, selon un rapport allemand évoqué par Der Spiegel, de fournir à la rébellion des missiles sol-air de type Manpads (Man-portable air-defense systems), lesquels ont la capacité d’atteindre euvent  des avions et des hélicoptères évoluant à basse altitude.

En outre, si l’on en croit le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, les Amis de la Syrie auraient également pris des « décisions spéciales et tenues secrètes » pour soutenir la rébellion syrienne. Le problème est que l’émirat entretient des relations troubles avec le Front al-Nosra, une organisation jihadiste désormais liée à al-Qaïda et capable des pires exactions, qui a su s’imposer dans les rangs de la rébellion.

En Jordanie, le président Hollande a appelé l’ASL à « reprendre » les secteurs contrôlés par les groupes extrémistres afin d’éviter qu’ils ne soient les « bénéficiaires d’une situation de chaos. » Faute de quoi, « ce sera Bachar al-Assad qui se saisira de ce prétexte pour continuer les massacres », a-t-il affirmé.

Seulement, sur le terrain, ce n’est pas si simple. Selon son porte-parole, Louaï Moqdad, l’ASL aurait reçu des armes « sophistiquées », dont certaines pourraient « changer le cours de la bataille. » Et d’assurer qu’elles avaient été confiées à des « officiers professionnels » ainsi qu’à « des combattants de l’ASL » et qu’elles seraient utilisée avec un « seul objectif, celui de combattre le régime » de Bachar el-Assad. Sous-entendu : elles ne serviront pas pour attaquer le Front al-Nosra.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]