L’armée française visée par une plainte

Lors des opérations de l’Otan en Libye dans le cadre de l’opération Unified Protector, un zodiac parti de Tripoli avec 74 migrants à bord avait dérivé pendant 10 jours en Méditerranée. Mais, faute d’eau et de nourriture, 63 occupants de l’embarcation périrent. Pourtant, un appel via un téléphone satellitaire avait pu être passé à un prêtre érythréen installé à Rome.

Ce dernier en informa le le centre de coordination des secours (MRCC). Plus tard, les survivants affirmeront avoir été survolés par un hélicoptère portant l’inscription « Army » et leur ayant largué quelques vivres et de l’eau. Mais ce n’est pas tout. Car les mêmes déclareront également qu’un navire de guerre imposant était passé tout près d’eux sans leur porter assistance.

A l’époque, la quotidien britannique The Guardian avait prétendu qu’ils s’agissait du porte-avions Charles de Gaulle. Ce qu’un rapport du Conseil de l’Europe au sujet de cette affaire, publié un an après les faits, ne confirma pas.

Cela étant, une procédure judicaire contre X pour « non assistance à personne en danger » mais visant en réalité l’armée française, fut entamée, en avril 2012, par  plusieurs organisations non gouvernementales, dont le Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti). Mais cette plainte, déposée auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris, fut classée sans suite quelques semaines plus tard.

Qu’à ne cela ne tienne, une  nouvelle a été déposée le 18 juin dernier, à l’initiative de Patrick Baudouin, président de la FIDH, et de trois autres associations. Mais, cette fois, avec constitution de partie civile. Ce qui fait qu’un juge d’instruction sera automatiquement saisi de l’affaire.

Selon Stéphane Maugendre, président du Gisti, qui fait partie des plaignants, le porte-avions Charles de Gaulle naviguait au large de la Libye au moment des faits. « C’est un bateau extrêmement puissant, qui va très vite et selon nos calculs, en une heure, une heure et demie, le Charles De Gaulle pouvait venir secourir les migrants », a-t-il affirmé.

Sauf que, selon le rapport du Conseil de l’Europe, d’autres navires étaient plus proches de la position signalée au prêtre érythréen, dont une frégate espagnole, le Mendez Nunez et un patrouilleur italien, le Commandant Borsini. Quant au Charles de Gaulle, qui ne se déplace jamais sans son escorte, il avait pris position dans le golfe de Syrte, à 150 milles nautiques de là…

Cela étant, les migrants rescapés et les associations qui les soutiennent ont lancé d’autres procédures à l’étranger. Une plainte a ainsi été déposée en Espagne pour « crime de guerre par non assistance à personne en danger. » L’on se peut bien se demander ce que la notion de « crime de guerre » vient faire là-dedans. D’autres actions sont envisagées, notamment en Belgique, au Canada et aux Etat-Unis.

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