Les Etats-Unis veulent réduire leur arsenal nucléaire d’un tiers et appellent la Russie à en faire autant (MàJ)

Cela fait maintenant plusieurs mois que la question d’une réduction drastique des armes nucléaires déployées est dans l’air aux Etats-Unis. En 2012, l’on apprenait l’existence de 3 scénarios, dont l’un prévoyait de diminuer de le format de la force de frappe américaine à 300 ogives, c’est à dire à un niveau comparable à la dissuasion française.

Mais finalement, l’idée retenue par le président Obama, en février dernier, consiste à réduire d’un tiers l’arsenal nucléaire américain. Et c’est justement le chiffre qu’il a avancé à l’occasion de son discours prononcé ce 19 juin devant la Porte de Brandebourg, à Berlin.

« Après un large examen, j’ai décidé que nous pouvions assurer la sécurité de l’Amérique et de nos alliés et maintenir de forts moyens de dissuasion tout en réduisant nos armes stratégiques de jusqu’à un tiers », a en effet déclaré Barack Obama, qui souhaite que les Russes en fasse autant. « J’ai l’intention de chercher à obtenir des réductions négociées avec la Russie pour dépasser les positions nucléaires de la Guerre froide », a-t-il ajouté.

« Ce sont des étapes que nous pouvons franchir pour créer un monde de paix et de justice », a-t-il poursuivi. « Nous allons travailler avec nos alliés de l’Otan pour chercher à parvenir à d’importantes réductions des armes tactiques nucléaires américaines et russes en Europe et établir un nouveau cadre international pour une puissance nucléaire pacifique », a-t-il encore expliqué.

Lors de son premier mandat, le président Obama avait fait part de son souhait de voir un monde sans armes nucléaires, dans un discours prononcé à Pragues, en avril 2009. « Je ne suis pas naïf, cet objectif ne sera pas atteint rapidement, peut-être pas de mon vivant », avait-il cependant admis.

Depuis, les Etats-Unis et la Russie ont signé le l’accord START II, lequel prévoit une réduction de leurs arsenaux nucléaires respectifs à 1.550 ogives. Seulement, ce nouvel appel du président Obama à aller encore plus loin dans la voie du désarmement n’a pas suscité un vif enthousiasme à Moscou.

« Comment peut-on considérer sérieusement cette idée de réduction des arsenaux nucléaires quand les Etats-Unis développent leur potentiel d’interception de cet arsenal stratégique (ndlr, le bouclier antimissile) », a répondu le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, dont les propos ont été rapportés par l’agence Itar-Tass.

Conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov s’est montré un peu plus mesuré. Après avoir indiqué que le président Obama avait averti son homologue russe, Vladimir Poutine, de ses intentions, il a expliqué qu’il fallait inclure les autres pays détenteurs de l’arme nucléaiire dans ce processus de désarmement. « La situation n’est plus aujourd’hui celle des années 1960 ou 1970, quand seuls les États-Unis et l’Union soviétique menaient des négociations de réduction des armements nucléaires. Il faut maintenant voir plus large (…) et étendre le cercle des participants », a-t-il affirmé.

Les propositions américaines doivent « être profondément revues pour qu’elles puissent être considérées par la partie russe comme sérieuses et non comme de la propagande », a, pour sa part, commenté Alexeï Pouchkov, le chef de la commission aux Affaires étrangères de la Douma.

Mais le dernier mot revient au président Poutine, qui, hasard ou non du calendrier, participait à une réunion dédiée aux programmes de défense stratégique. « Nous ne pouvons permettre que soit rompu l’équilibre des systèmes de dissuasion stratégique, que soit amoindrie l’efficacité de nos forces nucléaires », a-t-il affirmé.

« C’est pourquoi la création d’un système de défense aérienne et spatiale va rester une des priorités de notre industrie militaire », a-t-il assuré, en ajoutant que « c’est la garantie de la stabilité de nos forces stratégiques de dissuasion, de la protection du territoire du pays. »

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