Le président Karzaï suspend les négociations d’un accord de sécurité avec Washington

Alors que, le 18 juin, les forces afghanes prenaient totalement la responsabilité de la sécurité sur l’ensemble de leur territoire, le mouvement taleb afghan (ou Emirat islamique d’Afghanistan) a diffusé un communiqué dans lequel il a annoncé l’ouverture d’un bureau de représentation à Doha, au Qatar, afin de lui permettre d’établir « des relations avec le reste du monde et d’autres groupes afghans, contacter les Nations unies et d’autres agences internationales et publier des informations pour les médias. »

Jusqu’à présent, les taliban afghans ont toujours refusé de participer à des négociations de paix tant que des troupes étrangères restaient déployées en Afghanistan, même si des contacts préliminaires avaient eu lieu. Quant à discuter avec le président Karzaï, il n’en était encore moins question.

Mais, a priori, les responsables taliban ne semblent plus opposés à l’idée de prendre part à des pourparlers de paix avec les Etats-Unis. « L’Émirat islamique d’Afghanistan  ne veut pas que l’Afghanistan serve à échafauder des menaces pour d’autres pays, et ne permettra pas plus à quiconque de menacer d’autres pays à partir du territoire afghan », indiquent-ils dans leur communiqué, dans lequel ils remercient l’émir du Qatar pour leur avoir autorisé à ouvrir leur bureau.

« Nous soutenons le principe d’une solution politique et pacifique qui puisse mettre fin à l’occupation de l’Afghanistan et garantir au pays un régime islamique et la sécurité », ajoutent-ils sans faire aucune référence aux autorités de Kaboul.

L’administration américaine a immédiatement saisi la balle au bond et annoncé qu’une rencontre allait être prochainement organisée avec des représentants du mouvement taleb afghan, avec pour objectif d’obtenir la rupture de ce dernier de tout lien avec al-Qaïda.

Pour autant, les taliban n’entendent pas cesser leur offensive. C’est ainsi que l’annonce de ces discussions prochaines a été marquée par la mort de 4 soldats américains lors d’une attaque à la roquette contre la base de Bagram, située à 45 km de Kaboul. « Il n’y a pas de cessez-le-feu (avec les Etats-Unis). Ils nous attaquent et nous les attaquons », a fait valoir u porte-parole taliban au Qatar, Mohammad Sohail Shaheen, sur la chaîne Al-Jazeera.

En tout cas, ces négociations à venir ne sont pas du tout du goût du président afghan, Hamid Karzaï. Et ce dernier a suspendu avec effet immédiat les discussions avec Washington portant sur un accord bilatéral de sécurité, indispensable pour garantir le maintien de militaires américains en Afghanistan après la fin de la mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), ainsi que pour l’opération Resolute Support, en cours de préparation au sein de l’Otan.

« Il y a une contradiction entre ce que le gouvernement américain dit et ce qu’il fait en ce qui concerne les discussions de paix », a expliqué, ce 19 juin, Aimal Faizi, le porte-parole de la présidence afghane. « Le président (Karzaï) est mécontent du nom de ‘bureau politique de l’émirat islamique d’Afghanistan' », a-t-il ajouté.

« Nous nous opposons à cette appellation d »émirat islamique d’Afghanistan’, pour la simple raison qu’une telle entité n’existe pas », a-t-il poursuivi, en soulignant que les « Américains étaient parfaitement au courant de la position du président » Karzaï, quoi craignant de se retrouver marginalisé, compte bien envoyer des négociateurs au Qatar afin d' »entamer dès que possible des discussions ». Ce à quoi le mouvement taleb a répondu que « rien n’est prévu pour le moment, mais ce sera selon les circonstances. »

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