Mouvement d’humeur du premier bataillon malien formé par l’EUTM Mali

« Les résultats atteints au terme de cette première session de formation sont très encourageants et augurent bien de la suite dans le déroulement du programme. Car il s’agit pour nous de mieux préparer notre outil de défenses à faire face aux contingences sécuritaires du moment et aussi de construire une armée républicaine », a déclaré le général Yamoussa Camara, le ministre malien de la Défense, lors d’une cérémonie de remise de décorations à des officiers de l’EUTM Mali, le 14 juin dernier.

Au terme de 10 semaines d’une formation ayant commencé le 2 avril, le bataillon Waraba (les lions), le premier de l’armée malienne à avoir été instruit à Koulikoro par la mission européenne EUTM Mali, venait de terminer un exercice de synthèse appelé « Doumba » comprenant 5 phases (reconnaissance, conquête d’un objectif, contrôle de zone, coup d’arrêt, offensive).

A l’issue de cette ultime étape, ce bataillon, fort de 750 hommes répartis en 3 compagnies et en unités d’appuis (artillerie, génie, arme blindée cavalerie) et commandé par le  lieutenant-colonel Yacouba Sanogo, était déclaré opérationnel et prêt à être mis à la disposition des forces armées maliennes (FAMA).

Tout allait donc pour le mieux sauf que, le 8 juin dernier, jour de leur présentation officielle aux diplomates et aux officiels maliens, les hommes du bataillon Waraba refusèrent d’y participer. La raison? Ces soldats voulaient ainsi obtenir le versement de primes qui, selon eux, auraient terminé dans les poches de leurs chefs.

Voilà de quoi faire douter de l’efficacité de l’EUTM Mali… Si les soldats n’ont pas confiance envers leur hiérarchie, qu’en sera-t-il si jamais ils sont appelés à intervenir contre des groupes jihadistes? Qui plus est, ce n’est pas la première fois que l’armée malienne bénéficie de formations délivrées par des pays occidentaux.

Les Etats-Unis s’y sont essayés dans le cadre du programme « Trans-Sahara Counter-terrorism Initiative », doté d’un budget de 500 millions de dollars sur 5 ans. Des officiers maliens ont suivi des cours dans des écoles militaires américaines, comme le capitaine Sanogo, à l’origine du coup d’Etat du 22 mars 2012. Et l’on a vu le résultat lorsque les rebelles touaregs, appuyés par les groupes jihadistes, sont passés à l’offensive dans le nord du pays, l’an passé…

Auparavant, la France avait mis sur pied, en 1997, le programme Recamp (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix), avec l’objectif de préparer les armées africaines aux missions de maintien de la paix.

Le quotidien La Croix, qui a évoqué le mouvement d’humeur des soldats du bataillon Waraba, a rapporté les propos du lieutenant-colonel de Cussac, officier presse de l’EUTM Mali, au sujet de ces échecs passés. Selon lui, l’armée malienne est « surtout gangrenée par la méfiance entre les hommes du rang et leur hiérarchie. » Aussi, « rétablir cette confiance, c’est l’objectif de notre formation », a-t-il assuré. « Nous y arrivons. Ceux qui pensent que nous échouerons sont des cyniques qui regardent l’Afrique du boulevard Saint-Germain! »…

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