Le successeur du Rafale est à l’étude

Au cours de conférence de presse qu’il a donnée avant l’ouverture du salon aéronautique du Bourget, le Pdg de Dassault Aviation, Eric Trappier, a déclaré, au sujet du Rafale, que c’était un « programme vivant au sens des développements », sans pour autant trop s’attarder sur le sujet.

Cela étant, le constructeur français cherche à garder un coup d’avance, que ce soit dans l’aviation d’affaires ou les appareils militaires. D’où la mission donnée à ses bureaux d’études d’imaginer des projets futurs pouvant donner lieu, le cas échéant, à des applications concrètes.

L’une des questions que beaucoup doivent se poser concerne l’après-Rafale. Entré en service dans les années 2000, sa carrière opérationnelle est prévue pour durer une quarantaine d’années. Par conséquent, c’est dès à présent qu’il faut penser à son successeur.

D’ailleurs, la déclaration conjointe franco-britannique sur la défense du 17 février 2012 affirmé la « volonté commune de lancer ensemble en 2013 un programme de démonstrateur technologique du système futur de combat aérien qui mettra en place une coopération d’importance stratégique pour l’avenir du secteur de l’aviation de combat en Europe. »

Et de préciser que « ces travaux fourniront un cadre pour développer les technologies pertinentes et les concepts opérationnels nécessaires pour utiliser un drone de combat armé dans des opérations de haute intensité. Dès 2012 nous préciserons les caractéristiques de ce démonstrateur qui fera l’objet d’un contrat cofinancé, confié à nos deux industriels nationaux dans le domaine de l’aviation de combat », à savoir Dassault Aviation et BAE Systems.

Quelques mois plus tard, en juillet 2012, les deux pays ont signé une lettre d’intention concernant un programme de démonstration du Système de Combat Aérien Futur (SCAF), lequel pourrait donner lieu à un drone de combat (UCAV) développé en commun, Dassaut Aviation étant maître d’oeuve du nEUROn et BAE Systems travaillant sur le Taranis.

Reste à voir ce que sera l’aviation de combat à l’horizon 2040. « C’est l’utilisation stratégique qui devrait orienter les choix. Cela pourrait prendre la forme d’un drone de combat ou d’un avion piloté supersonique qui encadrerait une escadrille de drones de combat. Les deux vecteurs restant stratégiquement viables pour l’état-major », a expliqué le général Denis Mercier, le patron de l’armée de l’Air, dont les propos ont été repris dans le hors-série dédié à l’aviation de Science&Vie.

Pour le moment, l’armée de l’Air n’a donné aucune spécification précise au sujet du successeur du Rafale. Ce qui n’empêche par le bureau d’étude de Dassault Aviation, et plus largement le Team Rafale (qui regroupe Safran et Thales) d’y travailler, comme le rapporte le numéro spécial du mensuel scientifique.

Tout d’abord, les travaux menés pour le nEUROn serviront à imaginer le successeur du Rafale dans la mesure où la furtivité sera la qualité recherchée en priorité.  Aussi, cela aura un impact sur la cellule de l’avion envisagé. « Actuellement, aucune architecture n’est figée. Parmi les pistes envisagées, nous travaillons sur une évolution de la forme générale du corps avant de l’appareil, afin d’optimiser son aérodynamique maus aussi et surtout sa discrétion », a confié un membre du Team Rafale à Science&Vie.

« Cet avion sera un compromis entre discrétion et qualités de vol », a ajouté cette source. Ce qui veut dire que toutes les antennes et capteurs électroniques emportés en externes seront intégrés dans une soute, de même que l’armement. Et la perche de ravitaillement en vol sera bien évidemment escamotable.

Les entrées d’air des réacteurs seront également modifiées afin « d’éliminer les réflexions radar, sans piège à couche limite », laquelle est la zone d’interface entre un corps un mouvement et le fluite environnant. Leur géométrie sera donc modifiée, grâce aux résultats d’études confidentielles menées récemment.

Le choix des matériaux pour le revêtement de la cellule de l’appareil sera déterminant. Il faudra que ces derniers soient capables d’absorber les ondes radar, tout en étant à la fois légers, avec ces caractéristiques mécaniques optimales. Il pourrait s’agir du graphène, un nano-matériau souple et résistant à base de carbone, qui fait l’objet de recherches à l’Onera.

Bien évidemment, le système d’armes évoluera aussi. L’accent sera mis sur la guerre en réseau, ainsi que sur le traitement de l’information en temps réel et l’amélioration de l’interface homme-machine, « alliant des capacités de vision telles que la réalité augmentée et des moyens de dialogue comme les écrans tactiques et l’eye tracker (ndlr, désignation de la cible par le regard) », a expliqué l’ingénieur du Team Rafale.

Quant à la motorisation, elle devra prendre en compte la nécessité de réduire la signateure infra-rouge. D’après Science&Vie, le ou les moteurs du futur appareil « emprunteront une partie de leur technologie (notamment la hausse des taux de compression et de dilution) aux moteurs des avions civils, moins gourmands, plus propres et bénéficiant d’un temps entre les révisions très supérieur (rapport de 1 à 5) à celui des Rafale. »

Seulement, il reste un problème de taille. Ce ne sont pas les compétences technologiques qui font défaut mais les financements, lesquels dépendent de la volonté politique. La carrière opérationnelle de l »Eurofighter Typhoon et le JAS Gripen arrivera à terme au même que celle du Rafale. Ce serait ainsi l’occasion pour les acteurs de l’industrie aéronautique européenne de mutualiser leurs efforts afin de développer un avion de 5e, voire de 6e génération (les industriels américains y travaillent déjà…), en commun.

A lire : Hors série Science&Vie, Spécial Aviation 2013

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