L’armée indienne veut se renforcer près de la frontière avec la Chine

Héritage de la guerre qui les a opposés en octobre 1962, la Chine et l’Inde sont séparés par une ligne de contrôle (Line of Actual Control, LAC), qui, de par son tracé incertain, donne lieu à des différends territoriaux entre les deux pays.

En avril dernier, des troupes chinoises avaient fait une incursion de 20 km dans un territoire qu’ils revendiquent tous les deux dans l’Himalaya, ce qui provoqua une mini-crise diplomatique. Depuis, les choses sont rentrées dans l’ordre et, le 20 mai dernier, Manmohan Singh, le Premier ministre indien, et Li Keqiang, son homologue chinois, ont pris l’engagement d’arriver à une solution pour mettre un terme à ces disputes territoriales qui empoisonnent les relations entre Pékin et New Delhi depuis maintenant plus de 50 ans.

« Nos représentants spéciaux se rencontreront prochainement pour poursuivre les discussions visant à un accord rapide» pour une décision territoriale «juste, raisonnable et mutuellement acceptable », avait alors déclaré M. Singh, en soulignant la nécessité de préserver « la paix et la tranquillité » aux frontières indiennes. Ce à quoi Li Keqiang, alors en visite à New Delhi, avait répondu que les deux pays avaient « besoin d’améliorer (leurs) mécanismes frontaliers mis en place et de les rendre plus efficaces. » Et d’estimer que « la paix mondiale (…) ne pouvait être une réalité sans une confiance stratégique entre l’Inde et la Chine »

Seulement, après ces belles paroles, le gouvernement indien a décidé de déployer 40.000 soldats supplementaires pour renforcer ses troupes déployées dans la région frontalière avec le Chine. Soit l’équivalent d’un « corps de montagne. » Ce plan, préparé depuis 2 ans, vient d’être approuvé par le ministère des Finances mais il doit encore attendre le feu vert du Cabinet Committee on Security.

Cette nouvelle unité de montagne doit être opérationnelle dans les 10 ans qui viennent. Car son déploiement va demander des investissements importants, de l’ordre de 12 milliards de dollars, pour la doter d’équipements adaptés au milieu dans lequel elle va évoluer. Ce qui passe par l’achat de chars légers, de véhicules spécialisés, des équipements électroniques, des drones, des systèmes d’artillerie, etc… L’idée étant de pouvoir compter sur des troupes à la fois flexibles et agiles. En outre, les forces terrestres indiennes souhaiteraient disposer de leurs propres hélicoptères de manoeuvre.

Sur la composition des matériels requis, Rahul Bhonsle, un analyste spécialiste des questions de défense, a expliqué à Defense News qu’il s’agissait de disposer de tout un spectre de capacités allant de la reconnaissance à l’acquisition d’objectifs, en passant par la surveillance, la mobilité, y compris par hélicoptères, ainsi que par la puissance de feu et le soutien logistique.

La décision de créer ce corps « d’élite » de montagne a été motivée par l’attitude de la Chine. Dans son édition du 19 mai, le quotidien Times Of India notait que la Chine avait déjà renforcer ses troupes près de la LAC et qu’elle « cherchait à développer une présence importante près de la ligne de contrôle entre l’Inde et le Pakistan au Jammu-et-Cachemire ». Et la capacité chinoise à « déployer rapidement un grand nombre de troupes à la frontière a forcé le gouvernement à élaborer une stratégie » pour la contrer.

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