Comment supprimer 24.000 postes dans les armées sans fermer de bases et de casernes?

Quand, en 2008, il fut décidé de réduire les effectifs du ministère de la Défense de 54.000 personnels, la solution pour atteindre cet objectif était basique : il fallait revoir la carte militaire et dissoudre des garnisons. Ce qui n’alla pas sans provoquer d’autres problèmes, notamment économiques, dans les régions concernées. Mais à l’époque, l’armée n’était pas là pour faire de l’aménagement du territoire… Cependant, pour compenser le départ d’un régiment, un fonds de soutien pour la reconversion des sites touchés avait été mis en place.

Cinq ans plus tard, sur la base du dernier Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale (LBDSN), l’on s’apprête encore une fois à réduire les effectifs des forces armées. Mais le niveau des suppressions de postes exigées est moindre puisqu’il est question de réduire les effectifs de 24.000 personnels, soit, l’équivalent du nombre d’employés de Michelin en France…

Seulement, la méthode employée auparavant ne pourra manifestement pas être utilisée à nouveau. « Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire ; quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire », a déclaré le président Hollande, lors de son intervention du 24 mai dernier devant l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN), en citant Georges Clémenceau.

Et qu’a dit le chef de l’Etat au sujet des réductions d’effectifs dans les armées et donc « par rapport aux sites d’implantation militaire dans l’hexagone? C’est un « sujet  toujours sensible pour les personnels concernés, pour les élus des territoires. J’ai demandé qu’une attention particulière soit portée pour que nous puissions maintenir une présence partout sur le territoire et éviter des fermetures de site. Mais je suis aussi attentif à ce qu’en outre-mer, nous puissions également assurer notre présence », a-t-il affirmé.

En clair, dans la mesure du possible, et élections municipales en 2014 obligent,  il n’est pas question de fermer des casernes et des bases, alors que des bruits ne donnaient pas cher pour certaines emprises, comme Luxeuil, Bitche, Saintes ou encore Charleville-Mézières…

D’où le problème que l’on doit régler à l’Etat-major : comment faire, dans ces conditions, pour trouver les 24.000 postes à supprimer, tout en affectant le moins possible les forces opérationnelles? Sur ce dernier point, elles seront de toute façon impactées étant donné qu’une brigade de combat va disparaître. De même que des escadrons de l’armée de l’Air et des unités de la Marine nationale.

Dans ces conditions, les options ne sont pas nombreuses. En fait, il n’y en aurait qu’une : réduire les effectifs par emprises, c’est à dire en supprimant une compagnie et/ou un escadron. C’est ce que l’on appelle « l’échenillage » dans les armées, comme l’indique Les Echos, qui confirme ce scénario. Encore que, ce terme d’imprimerie ne correspond pas vraiment car il désigne l’action d’enlever des « parties superflues d’adhésifs vinyliques découpés au traceur. »

Car les « parties superflues » au sein des unités se font rares. Et diminuer le format des régiment accentuera la pression sur leurs personnels. Un exemple, donné récemment par la Dépêche. Le quotidien s’est même posé la question de savoir si le 48e Régiment de Transmissions d’Agen n’était pas « trop sollicité ».

L’arme des « Trans » n’a pas été épargnée lors de la précédente réforme, avec plusieurs régiments passés à la trappe. Conséquence, le 48e RT connaît une activité intense, avec 6 mois d’engagement en Afghanistan en 2012, des manoeuvres dans le golfe Persique, des missions de souveraineté dans les territoires d’outre-Mer sans oublier les imprévus, comme l’intervention au Mali. Avec ça, il faut conjuguer avec les périodes de formation et d’entraînement, sans oublier les permissions…

« Si l’on regarde l’agenda du 48e Régiment de transmissions d’Agen pour ces 24 derniers mois, il est effectivement bien chargé. Mais l’ensemble des régiments de transmissions à un taux d’occupation sensiblement similaire. Cela vient du fait que, là où la France est présente militairement, il y a nécessairement des transmetteurs », a commenté son chef de corps. « Je ne peux que me ravir de ce rythme. Si mes transmetteurs sont employés en conditions opérationnelles, ils se perfectionnent, devenant plus pointus techniquement et plus aguerris. C’est la rançon de ces projections: ils deviennent chaque jour meilleurs, ce qu’on attend d’une armée professionnelle », a-t-il ajouté.

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