Leon Panetta, l’ex-chef de la CIA, a donné des détails top secret pour les besoins du film Zero Dark Thirty

Quelques jours après l’élimination d’Oussama ben Laden, alors chef d’al-Qaïda, dans sa cache pakistanaise d’Abbottabad par un commando du Naval Warfare Development Group (DevGru),, le secrétaire américain à la Défense de l’époque, Robert Gates, déplorait le manque de discrétion de certains membres de l’administration Obama au sujet de cette opération.

« Franchement, dans la situation room, nous étions nous d’accord pour ne pas rendre publics le sdétails opérationnels. Tout s’est effondré le lendemain », avait-il déclaré, le 15 mai 2011.  » Des sources anonymes qui révèlent des informations secrètes sur les tactiques, l’entraînement et l’équipement d’unités secrètes mettent en danger notre capacité à mener des opérations semblables à l’avenir » avait alors expliqué Geoff Morrell, alors porte-parole du Pentagone.

Depuis, plusieurs livre concernant l’opération Neptune’s Spear ont été publiés, dont un par un ancien membre du commando du DevGru y ayant pris part. D’autres Navy Seal ayant appartenu à la même unité ont été sanctionné administrativement pour avoir donné des détails sur les mode opératoires aux concepteur du jeu vidéo Medal of Honor.

Quant à la traque de Ben Laden, elle a fait l’objet d’un film, Zero Dark Thirty, réalisé par Kathryn Bigelow (« K19, le pège des profondeurs », « Démineurs ») avec un scénario écrit par Mark Boal. Justement, la sortie de ce long métrage devait coïncider avec la course à la Maison Blanche, qui s’est terminée avec la réélection de Barack Obama.

Un courriel adressé à un journaliste du New York Times par une porte-parole de la CIA mais diffusé par le site Politico, avait, à l’époque, déclenché une polémique outre-Atlantique étant donné qu’il indiquait que la Maison Blanche « comptait sur le film de Kathryn Bigelow et Mark Boal sur la mort de Ben Laden pour répondre à la réputation d’inefficacité montante d’Obama ». Et des documents publiés par l’observatoire Judicial Watch laissait à penser que l’administration du président américain avait donné un coup de main à la réalisatrice…

Les élections passées, les choses en étaient restées là. Jusqu’à ce qu’une enquête menée par l’inspection générale du Pentagone soit publiée par le groupe indépendant Pogo (Project on Government), spécialiste de l’administration américaine. Et pour le coup, ses conclusions risquent d’être embarrassantes pour la Maison Blanche, déjà empêtrée dans les remous de l’attentat de Benghazi et l’affaire des contrôles fiscaux ayant ciblé, à dessein, les membres du Tea Party, l’aile droite du Parti républicain.

Ainsi, ce rapport préliminaire, qui n’a pas encore été rendu public par le Pentagone, indique que Leon Panetta, qui était le directeur de la CIA en mai 2011 avant de devenir secrétaire à la Défense, a révélé des informations « top secrètes » au scénariste Mark Boal au sujet de l’opération ayant abouti à l’élimination de Ben Laden, lors d’une cérémonie organisée au siège de la CIA en l’honneur de ceux qui avaient pris part à cette traque. Et cela alors que dans le même temps, l’administration Obama luttait contre les fuites de données confidentielles.

« Pendant la cérémonie de remise de récompenses, le directeur Panetta a identifié précisément l’unité qui avait mené le raid et donné le nom de celui qui dirigeait les opérations sur le terrain », souligne le rapport, selon lequel d’autres informations sensibles auraient été également révélées par l’ancien chef du Pentagone.

Normalement, ce rapport aurait dû être rendu public depuis un moment déjà. Et les raisons de ce retard ne sont pas claires pour le groupe Pogo. « Il y a des vérifications inhabituellement pointilleuses et une implication des plus hautes sphères sur ce projet », lui a expliqué, dans un courriel, un responsable de l’inspection générale.

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