Drone Euro Hawk : Le ministre allemand de la Défense sur un siège éjectable

Son prédécesseur avait été contraint à la démission pour avoir plagié sa thèse de doctorat. Et il pourrait connaître le même sort, mais pour une toute autre raison. En effet, le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, est actuellement sur la sellette à cause de l’annulation programme de drone HALE (Haute Altitude Longue Endurance) Euro Hawk.

Ce dernier, basé sur le RQ-4 Global Hawk de Northrop Grumman, fut lancé en 2007, avec l’attribution d’un premier contrat de 508 millions d’euros à EADS, associé avec le constructeur américain.

Le premier appareil aux couleurs allemandes était arrivé en Bavière en juillet 2011, afin d’y subir une série d’essais. Ensuite, il était prévu de le transférer sur la base aérienne de Jagel, en Schleswig-Holstein. Il était question de doter la Luftwaffe de 4 autres appareils, pour un montant de 500 millions d’euros supplémentaires, afin de lui donner une capacité optimale en matière de renseignements électroniques.

Seulement, le mois dernier, Thomas de Maizière a décidé d’abandonner ce programme. En cause? L’impossibilité d’obtenir de la part de Northrop Grumman les éléments techniques nécessaires pour obtenir la certification des Euro Hawk, étape indispensable pour qu’ils puissent voler dans l’espace aérien européen. Et une mise aux normes sans passer par l’industriel américain coûterait au bas mot entre 500 et 600 millions d’euros. C’est, du moins, les explications données officiellement.

Du côté d’EADS et de Northrop Grumman, l’on fait mine de ne pas comprendre cette décision. « L’équipe présentera un projet bon marché et réalisable pour mener à bien les tests de vol de l’appareil initial et la production éventuelle du système complet de quatre appareils supplémentaires », ont fait valoir les deux industriels dans un communiqué commun publié le 28 mai dernier et dans lequel ils ont contesté les informations selon lesquelles le coût de certification serait « excessif ». Mais il serait question tout de même d’un surcoût de 200 millions d’euros…

Cela étant, il est reproché à Thomas de Maizière d’avoir réagi trop tard. Proche d’Angela Merkel, il fait désormais une cible de choix pour l’opposition de gauche allemande, à seulement 4 mois des prochaines élections législatives.

« La direction du ministère de la Défense était informée de la dimension des problèmes avec le projet des drones Euro Hawk […]. Mais ce n’est que quinze mois plus tard que le ministre a arrêté ce programme », a ainsi écrit l’hebdomadaire Der Spiegel, qui a fait sa une avec cette affaire. « Thomas de Maizière a un problème massif dont les dimensions énormes auraient pu être évitées si on s’était intéressé un peu plus aux détails dans son ministère », souligne le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Et, c’est dans ce contexte que, histoire de pimenter cette affaire, qu’a été mise en ligne fort opportunémant une vidéo montrant un drone Luna allemand frôler un Airbus A-310 dans le ciel afghan. Lors de cet incident, qui s’est produit en 2004, l’appareil piloté à distance s’était écrasé à cause des turbulences de sillage générées par l’avion commercial. Si le but était de démontrer que les systèmes anti-collisions étaient indispensables, eh bien c’est réussi…

En attendant, Thomas de Maizière a confirmé, le 4 juin, la participation financière de Berlin au programme AGS (Air Ground Surveillance) de l’Otan, à hauteur de 480 millions d’euros. « Nous avons signé un accord et généralement, l’Allemagne respecte ses accords », a-t-il affirmé. Et ce projet prévoit l’achat de drones Global Hawk, celui-là même qui a servi pour développer l’Euro Hawk…

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