Mali : La situation se complique encore plus à Kidal

Le premier tour de l’élection présidentielle malienne sera organisé le 28 juillet prochain. Seulement, la ville de Kidal, dans le nord-est du pays, est toujours sous le contrôle de la rébellion touareg, notamment incarnée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), lequel lança une offensive en 2012 au Nord-Mali, avant de se faire doubler par les jihadistes auxquels il avait fait appel pour le soutenir.

Maintenant que les groupes terroristes ont été chassés du Nord-Mali grâce à l’opération française Serval, l’un des défis reste à trouver un moyen pour que les autorités maliennes et le MNLA puissent trouver un terrain d’entente. Or, pour le moment, l’on en est encore loin. Il n’est en effet pas question pour Bamako d’accorder l’autonomie à l’Azawad. Et quant aux touareg, l’idée de davantage de « décentralisation » ne semble pas avoir leurs faveurs.

En effet, il est hors de question pour les rebelles touareg de voir des soldats de l’armée malienne entrer à Kidal, leur bastion historique. Une position réaffirmée le 2 juin à Ouagadougou (Burkina Faso) par Mossa Ag Attaher, un porte-parole du MNLA.

Quelques heures plus tôt, à Gao, plus au sud, une manifestation ayant rassemblé quelques milliers de personnes a été organisé avec l’intention de demander à la France de libérer Kidal.

« Les banderoles qui s’adressaient à François Hollande, c’était pour lui dire : ‘Tu as libéré le Mali des terroristes, maintenant libère Kidal, sinon avec toi, le Mali va divorcer brutalement' », a ainsi expliqué Ousmane Maïga, des membres de la coordination de la jeunesse de Gao.

Mais a priori, la situation à Kidal n’est pas prête de s’améliorer, surtout après ce qui s’est passé le 2 juin. Le MNLA y a en effet annoncé l’arrestation de plusieurs personnes, dont des soldats, accusées d’espionnage pour le compte de Bamako.

« Les militaires maliens et les personnes liées aux services de renseignements maliens seront considérés comme des prisonniers », a averti un responsable du MNLA. « Ils sont détenus à la gendarmerie du MNLA de Kidal. Les autres seront libérés », a-t-il précisé.

Plus grave encore, plusieurs témoignages font état d’actes de racisme à l’égard de personnes de couleur noire. Ce que le MNLA a toutefois démenti, en assurant « rechercher des éléments infiltrés envoyés par les autorités maliennes. »

« Une chasse à l’homme noir est engagée à Kidal depuis ce matin. Le MNLA s’attaque aux populations noires, y compris femmes et enfants. Ils disent qu’ils vont les renvoyer vers le Mali, c’est-à-dire à Gao avec une complicité flagrante des Français qui ne font rien », a ainsi affirmé, selon l’AFP, un habitant de la ville.

« Depuis ce matin, le MNLA arrête les Noirs dans la ville de Kidal. Ils disent qu’ils veulent se venger des Maliens qui ont tué des Tamasheq (touareg) à Gossi (dans la région de Gao) », a renchéri un autre témoin. Et, selon la presse locale, le maire de Gossi, Oumar Wadarassane, un Touareg noir, aurait été attaqué la semaine passée, à son domicile, puis ligoté par des hommes armés.

Cela étant, il n’est pas exclu que certains témoins aient cherché à grossir le trait, afin d’obliger Paris à intervenir contre le MNLA à Kidal. Le contexte, en tout cas, fait que c’est une hypothèse à ne pas écarter, même si la rébellion touareg n’est pas non plus exempte de tout reproche.

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