Israël « saura quoi faire » en cas de livraison des systèmes russes de défense aérienne S-300 à la Syrie

En 2010, la Russie avait décidé de « geler » la livraison de systèmes de défense aérienne S-300 à l’Iran, ce matériel tombant alors sous le coup des sanctions prises par les Nations unies à l’égard de Téhéran. Mais pour ceux qui ont été commandés par la Syrie, Moscou entend bien honorer son contrat, en dépit des critiques de certains pays occidentaux et d’Israël.

Les informations concernant la commande syrienne de S-300 ne sont pas précises. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a simplement indiqué, ce 28 mai, que le contrat avait été conclu « il y a quelques années. »

Le Wall Street Journal croit savoir que la commande passée par Damas porte sur 4 batteries S-300 et 144 missiles intercepteurs pour un montant de 900 millions de dollars. Ces systèmes doivent normalement être livrés l’été prochain, via le port de Tartous, où est implantée une base navale russe.

Peu après la levée de l’embargo de l’Union européenne sur la fourniture d’armes à la rébellion syrienne, M. Riabkov a indiqué que Moscou considère la livraison de S-300 « comme un facteur de stabilisation. » Et d’expliquer : « Des mesures de cette sorte dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d’envisager des scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec la participation de forces étrangères. »

« Il est question d’une livraison d’armes défensives au gouvernement du pays, pour la défense des infrastructures et des armées contre le recours à des moyens dont, pour autant que je sache, les rebelles et les forces d’opposition ne disposent pas, a encore ajouté le vice-ministre russe.

Seulement, pour les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, la livraison de ces batteries de défense sol-air risque de compliquer toute intervention visant à s’assurer du contrôle des armes chimiques syriennes si jamais elle devait tomber entre de mauvaises mains ainsi qu’une éventuelle instauration d’une zone d’exclusion aérienne, comme il avait été envisagé pendant un temps. Le S-300 PMU-2 Favorit (code Otan : SA-20B ) peut en effet détruire simultanément 6 avions de combat et intercepter des missiles balistiques.

Pour Israël, où l’on préférerait sans doute que Bachar el-Assad se maitienne plutôt que de voir la Syrie tomber aux mains de groupes jihadistes, la livraison de S-300 est vue d’un mauvais oeil mais pas exactement pour les mêmes raisons.

En effet, comme le gouvernement israélien cherche à empêcher tout transfert d’armes vers le Hezbollah, allié du régime de Damas et de Téhéran, la mise en oeuvre de batteries S-300 par les forces syriennes limitera la liberté de manoeuvre des chasseurs bombardiers israéliens si jamais ils doivent intervenir comme ils l’ont fait à plusieurs reprises ces dernières semaines.

D’où l’opposition d’Israël à la livraison de ces systèmes. Le 14 mai, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu avait vainement tenté de convaincre le président russe, Vladimir Poutine, de renoncer à honorer la commande syrienne de S-300.

Mais le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, s’est montré très direct à ce sujet. « Les livraisons n’ont pas eu lieu, et j’espère qu’elles n’auront pas lieu. Mais, si par malheur, ils (les S-300) arrivent en Syrie, nous saurons quoi faire », a-t-il prévenu, à l’issue d’une réunion de la commission de la Défense et des Affaires étrangères de la Knesset. Reste à déterminer ce qu’Israël entend par « nous saurons quoi faire »….

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