L’exécution de la la prochaine Loi de programmation militaire de fera dans un contexte économique très délicat

Cette fois, c’est sûr, promis, juré, la trajectoire financière définie par le dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) pour la prochaine Loi de Programmation Militaire est réaliste tout en prenant en compte la contribution du ministère de la Défense à la réduction des déficits publics. Sous entendu, les précédentes fois, ce n’était pas le cas.

Pour rappel, le LBDSN suggère d’accorder un budget de 179,2 milliards (en euros constants 2013) sur la période (hors pensions), de réduire les effectifs de 24.000 hommes supplémentaires, et de ne supprimer aucun grand programme d’armement, la recette connue étant d’étaler les commandes, voire de les diminuer, ce qui, au final renchérit le coût des équipements…

Pourtant, que ce soit il y a 5, 10 ou 15 ans, les Lois de Programmation Militaire paraissaient sincères. Mais entre ce que l’on prévoit de faire et les aléas que l’on ne maîtrise pas, il y a de la marge. Et pour celle qui se termine, elle est de près de 5 milliards d’euros.

En sera-t-il autrement pour la LPM 2014-2019 qui financera des forces armées au format une nouvelle fois réduit, justement pour rester dans « les clous »? Rien n’est moins sûr. Déjà parce qu’elle reposera sur des recettes exceptionnelles (4,5 milliards), dont on connaît le caractère aléatoire. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, peut se prévaloir de l’assurance donnée par le président Hollande qu’elles iront dans les caisses de l’Hôtel de Brienne… Mais encore faut-il savoir quand.

Mais surtout, l’inconnue majeure reste la situation économique française. Et les prévisions de la Commission européenne n’incitent guère à l’optimisme pour l’exécution de la prochaine LPM telle que recommandée par la commission du LBDSN. Certes, Paris a obtenu un nouveau délai pour réduire à moins de 3% ses déficits publics, c’est à dire que cet objectif devra être atteint en 2015 au lieu de 2014.

Là est la seule bonne nouvelle (encore que…) car dans le même temps, et alors que les prélèvements obligatoires ont atteint un record, la Commission de Bruxelles prévoit un déficit de 3,9% du PIB  en 2013, puis de 4,2% en 2014 et cela, dans l’attente de « clarifications » de la part du gouvernement français au sujet du financement du crédit d’impôt aux entreprises. Soit respectivement 0,2% et 1,3% de plus par rapport aux objectifs affichés par Paris.

Dans ces conditions, « il peut être raisonnable d’étendre la date limite de 2 ans pour parvenir à 3% de déficit à la fin de 2015 », a commenté Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. Et cela d’autant plus que les prévisions de croissance ne sont pas bonnes non plus, avec -0,1% en 2013 et +1,1% en 2014. A cela il s’ajoute un taux de chômage estimé à 10,9% en 2014, année où la dette publique devrait atteindre 96,2% du PIB (contre 90,2 en 2012).

Aussi, l’année 2014 (en fait, il convient de parler de budget triennal) sera cruciale pour le budget des forces armées. Et nul doute que le match entre l’Hôtel de Brienne et Bercy ne fait que commencer et qu’il sera d’autant plus difficile si la conjoncture économique est mauvaise, avec des investissements en panne, une consommation en berne, une croissance atone et des finances publiques à équilibrer. Et comme ce scénario s’est déjà produit par le passé, l’on a toute les raisons de le redouter pour l’avenir. Le scénario Z est peut être passé à la trappe, mais il peut toujours revenir par la fenêtre.

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