Un autre jihadiste français arrêté au Mali

Vêtu d’une tunique beige, portant un turban noir et posant avec une kalachnikov devant le signe d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le français Gille Le Guen, alias Abdel Jelil, avait suscité la consternation, en octobre dernier, en mettant en garde, dans une vidéo diffusée par le site Sahara Media, la communauté internationale, et la France en particulier, contre une intervention militaire au Mali, dont les modalités étaient alors discutées au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en relation avec les Nations unies.

Une opération militaire au Nord-Mali « rendra notre lutte légitime comme celle de nos frères d’Afghanistan et de Palestine. Nous nous battrons jusqu’au bout », avait-il fait valoir, en demandant « au peuple français de s’opposer à toute agression qui ne serait pas dans son intérêt», évoquant « une catastrophe humaine et humanitaire. »

Cet ancien officier de la marine marchande (c’est du moins ce qu’il prétend) d’une cinquantaine d’années n’était alors pas un inconnu pour les services de renseignement français, qu’ils l’avait repéré quelques semaines plus tôt dans les rangs d’AQMI sur la base d’une photographie. Une source sécuritaire malienne avait alors précisé que Gilles Le Guen s’était installé avec sa famille à Tombouctou et qu’il avait adhéré aux thèses salafistes.

Un mois après la diffusion de son message vidéo, Gilles Le Guen fut arrêté par des membres d’AQMI pour des raisons encore mystérieuses. Certains prétendirent qu’il avait été pris pour un espion. D’autres affirmèrent qu’il s’était opposé à des jihadistes qui s’en prenaient à une femme. Il fut ensuite libéré en décembre et avait été vu à Tombouctou sur une mobylette. Mais nul doute qu’il donnera prochainement sa version des faits à la justice puisqu’il a été arrêté par les forces françaises de l’opération Serval, dans la région de Tombouctou.

Dans un premier temps, Gilles Le Guen sera remis aux autorités maliennes, qui décideront ensuite de son sort. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a abordé son cas lors d’un entretien accordé ce 1er mai à Europe1. « Il avait combattu manifestement déjà avec les groupes jihadistes. Là, il n’était pas au combat » au moment de son arrestation, a-t-il expliqué. « Il sera sans doute expulsé en France », a-t-il ajouté.

Mais le ministre a également indiqué que, pour l’instant, « on n’a pas de charge » contre lui. « Mais le dossier va être instruit par nos services, et il est en train d’être instruit à présent », a-t-il assuré. Et s’il est prouvé que Le Guen a effectivement combattu dans les rangs jihadistes, alors il sera « jugé en France. »

Le mois dernier, un autre jihadiste français avait été fait prisonnier par les forces françaises à l’issue de violents combats dans l’Adrar des Ifoghas. Il a finalement été renvoyé en France où il a été mis en examen le 22 mars pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et placé en détention provisoire.

Pour M. Le Drian, « il ne faut pas imaginer qu’il y a un très grand nombre de Français dans ce type de dérive fanatique ». Cela étant, le député Christophe Guilloteau a confié, à l’Hebdo que les militaires français étaient « tombés sur des circulaires vierges de Pôle Emploi dans les caches des islamistes » dans l’Adrar des Ifoghas. « Vous vous imaginez? Il y avait des chômeurs français, des gens qui recevaient de l’argent de l’Etat français en face de nos propres hommes. On paie des gars qui nous tirent dessus », s’est-il indigné.

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