Le chef du Hezbollah reconnaît la participation de sa milice aux combats en Syrie

Jusqu’à présent, Hassan Nasrallah, le chef de la puissante milice chiite libanaise soutenue par l’Iran, avait seulement reconnu des militants de son organisation étaient partis combattre en Syrie aux côtés des forces restées fidèles à Bachar el-Assad à titre individuel.

Mais il est allé plus loin, le 30 avril, en admettant, pour la première fois, qu’en fait, la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, notamment dans la région de Qoussair, au centre de ce pays marqué par la guerre civile depuis mars 2011 ainsi que dans le secteur de Sayeda Zeinab, qui, situé à l’est de Damas, est un haut lieu religieux chiite.

« Ces derniers mois, l’armée syrienne a été contrainte de se retirer de certaines parties de la région de Qoussair ce qui conduit les Libanais vivant dans cette région à se trouver confrontés à des groupes armés (rebelles) », a-t-il expliqué à l’antenne de la télévision al-Manar, laquelle appartient au Hezbollah, en faisant allusion aux 13 localités syriennes où la population est majoritairement composée de chiites libanais.

« Lorsque les attaques ont empiré et qu’un grand nombre de combattants (rebelles) se préparaient à prendre le contrôle de ces villages habités par les Libanais, il était normal d’offrir toute l’aide possible et nécessaire pour épauler l’armée syrienne, les comités populaires (milices locales pro-régime) et les habitants libanais » a-t-il ajouté, en précisant que la bataille n’était pas encore terminée.

Rendant hommage aux « martyrs » du Hezbollah tués en Syrie, Hassan Nasrallah a justifié la présence de la milice chiite à Sayeda Zeinab, où Zeinab, petite fille de Mahomet et soeur de l’imam Hussein, y serait enterrée, en expliquant qu’il s’agissait d’y combattre les « takfiri », c’est à dire les jihadistes sunnites.

« Il faut que des moujahidines (combattants de l’islam) honnêtes se dressent pour empêcher la chute du village et du mausolée de Sayeda Zeinab (…) Il y a des gens sur le terrain qui empêchent l’avancée des takfiri », a-t-il avancé.

Mais Hassan Nasrallah est allé encore plus loin en affirmant que les « vrais amis » de la Syrie ne permettront pas « que ce pays tombe dans les mains des Etats-Unis, d’Israël et des groupes takfiri ».

En clair, « si la situation devenait plus dangereuse, des Etats, des mouvements de résistance et d’autres forces seront dans l’obligation d’intervenir de manière efficace dans la confrontation sur le terrain », a-t-il précisé, en faisant état de la présence « d’experts iraniens » en Syrie et en mettant en garde Israël.

« Si vous pensez que la résistance au Liban est affaiblie en raison de qui se passe en Syrie, vous avez tort. Je préviens l’ennemi et tous ceux qui le soutiennent de ne pas commettre une bêtise car la résistance est en état d’alerte et a son doigt sur la gâchette », a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants israéliens.

Cela étant, la présence du Hezbollah en Syrie relevait du secret de Polichinelle. Le 23 avril dernier, deux cheikhs salafistes libanais ont appelé au jihad en Syrie pour défendre les sunnites dans la région de Homs. Et cela, en réponse à l’appui apporté par la milice chiite aux forces de Bachar el-Assad.

« Nasrallah et ses chabbihas ont pris la décision d’entrer dans ces régions pour y massacrer les opprimés », a fait valoir l’un d’eux, le cheikh Assir, installé à Saïda, dans le sud du Liban. Ce dernier a émis une fatwa (décret religieux, ndlr) imposant « à tout musulman à l’intérieur et l’extérieur du Liban (…) d’aller en Syrie et de défendre ses habitants et ses mosquées notamment à Qousseir et à Homs. »

« De même que le Hezbollah envoie des combattants défendre des régions chiites (…), nous aussi allons envoyer des hommes et de l’argent à nos frères sunnites à Qousseir », a, de son côté, annoncé le cheikh Salem Al-Rafii. « Nous demandons aussi à tous les jeunes sunnites d’être prêts, car une première vague de jeunes gens et d’armes va être envoyée pour assumer leur devoir jihadiste à Qousseir et défendre les régions sunnites », a-t-il ajouté.

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