M. Fabius dit ne pas avoir de certitudes sur l’usage d’armes chimiques par le régime syrien

Le gouvernement britannique n’a pas démenti les révélations faites par le quotidien The Times au sujet de la découverte par un laboratoire militaire de traces de neurotoxiques dans des échantillons de terre provenant de Syrie. Mieux même : le Premier ministre du royaume, David Cameron, est allé très récemment jusqu’à parler de « preuves croissantes » de l’usage d’armes chimiques par le régime de Damas.

Côté américain, où l’on a promis à Bachar el-Assad des mesures militaires en cas de franchissement de « ligne rouge », l’on se veut prudent. Si Washington a bien reconnu, le 25 avril, que Damas avait « probablement » utilisé des armes chimiques, l’on souligne dans le même temps que les renseignements à ce sujet ne sont pas encore suffisants pour en être absolument certain.

Des certitudes, le renseignement militaire israélien en a. Pour le général Itaï Brun, chef de son département de recherche et d’analyse, « il y a des signes qui ne trompent pas. » Toutefois, l’officier est moins sûr quand il s’agit de préciser la nature des substances utilisées. « Probablement du gaz sarin », un neurotoxique, s’est-il hasardé sur les ondes de la radion militaire, la semaine passée.

Quant à la France, qui se veut être à la pointe du dossier syrien, elle « n’a pas de certitudes » sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. C’est du moins ce qu’a prétendu Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, ce 29 avril, à l’antenne d’Europe1.

« Nous n’avons pas de certitudes. Il y a des indices qui ont été donnés par les Anglais, aussi par les Américains. Nous, nous sommes en train de vérifier cela », a-t-il en effet affirmé. « (Il n’y a) pas encore de preuves et on a demandé au secrétaire général des Nations unies d’ordonner une enquête dans l’ensemble de la Syrie pour voir ce qu’il en était. Et ce qui est quand même indicatif, c’est que la Syrie a refusé de laisser pénétrer sur son territoire des enquêteurs » a encore ajouté le chef de la diplomatie française.

« On développe par nos propres moyens toute une série d’investigations et il est vrai – à la fois Obama la déclaré, Hollande (François Hollande, président français) l’a déclaré mais aussi les Russes – que s’il était avéré qu’il y a utilisation des armes chimiques en Syrie, à ce moment-là, ça change pas mal de choses », a poursuivi Laurent Fabius.

Et que pourrait-il se passer s’il est prouvé que le régime de Damas a franchi la ligne rouge? A la question de savoir s’il faut empêcher Bachar el-Assad de « gazer son propre peuple », le ministre a répondu : « exactement, (…) ça veut dire que l’ensemble des pays que je viens de citer réfléchissent activement à cela. »

Cela étant, la position de la Russie, citée par M. Fabius, est beaucoup plus nuancée sur cette question. « Les informations faisant état de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie ne doivent pas constituer un alibi pour une intervention militaire », a ainsi déclaré Mikhail Bogdanov, l’émissaire de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, le 27 avril, lors d’une visite au Liban.

« S’il y a des preuves sérieuses, il faut les montrer immédiatement et ne pas les dissimuler », a-t-il continué, en insistant sur le fait qu’il « faut s’assurer de ces données immédiatement, et conformément aux critères internationaux, et non pas les utiliser pour atteindre d’autres objectifs. »

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