Mali : Les militaires français continuent de s’équiper sur leurs deniers personnels

« La plus grande rigueur est nécessaire dans le port des tenues, y compris sur les théâtres d’opérations. Il ne faut pas oublier que les équipements fournis, même s’ils sont considérés comme peu seyants, ont été adoptés pour répondre à des spécificités techniques, comme par exemple la résistance au feu », affirmait, en mai 2008, le général Elrick Irastorza, alors major-général de l’armée de Terre, dans les colonnes de Terre Infos Magazine.

« Sauf dans des situations opérationnelles particulières, le paquetage de combat en dotation permet au militaire engagé dans des conditions satisfaisantes. C’est pourquoi je rappelle, une fois de plus, que l’achat sur derniers personnels d’effets ou équipements de combat majeurs doit être fermement prohibé. Il appartient aux chefs de corps de faire respecter cet ordre », avait-il encore ajouté. Pas question, donc, d’avoir une armée à la Bourbaki.

Cinq ans plus tard, qu’en est-il? Interrogé par l’AFP, le colonel Bruno Lafitte, porte-parole de l’armée de Terre, a expliqué que « le principe général est que les armées équipent leurs soldats avec des effets qui sont conçus, étudiés et réalisés selon des normes très strictes, qui répondent aux exigences du terrain et du combat. » Et d’ajouter : « Après, rien n’interdit au soldat de s’équiper à titre personnel avec ce que l’on appelle des effets de confort. S’il préfère une paire de gants différente de celle qui lui est fournie, s’il est plus à l’aise dedans, c’est bon. C’est un usage qui est accepté. »

Mais en réalité, la situation est plus nuancée car cela va au-delà de la simple paire de gants ou de chaussettes. A vrai dire, les soldats français ont toujours acheté des équipement et des effets personnels pour compléter leur paquetage, voire l’améliorer, l’usage voulant qu’ils puissent les porter ou les utiliser pourvu qu’ils aient l’autorisation de leur hiérarchie, le toute étant d’éviter de se retrouver avec une unité équipée d’éléments trop disparates.

« Vous voyez ce que je porte? (…) à part le gilet, le casque et les armes, c’est cent pour cent perso » a confié, à journaliste de l’AFP un lieutenant engagé récemment dans l’opération Gustav, dans la vallée d’Inaïs, dans la région de Gao, au Mali. « Bien sûr, on nous donne des holster (étuis) pour nos armes de poing, mais si on en veux un qui se porte à la fois à la ceinture et devant, on se l’achètes », a-t-il poursuivi.

D’après un vendeur d’une enseigne spécialisée, il n’est pas rare que des soldats appelés à partir en opération extérieure dépensent entre 400 et 500 euros pour s’équiper. « L’autre jour, un lieutenant a payé plus de 500 euros pour un viseur laser dernier-cri », a-t-il raconté, toujours à l’AFP. Et certains, en particulier les jeunes recrues, peuvent même aller jusqu’à y laisser deux mois de soldes.

« Il faut autant que possible utiliser le matériel fourni, mais dans les opérations extérieures, il y a une tolérance. Les gars savent de toute façon ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas », a avancé un capitaine, également présent au Mali.

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