L’Inde accuse la Chine d’être responsable d’un incident frontalier

Ayant la volonté de modifier la ligne MaMachon, qui sépare l’Inde du Tibet, territoire qu’elle avant annexé 11 ans plus tôt, la Chine décide, le 20 octobre 1962, de lancer 80.000 soldats une attaque contre les forces indiennes déployées dans l’Himalaya, alors fortes de seulement 10.000 hommes.

Le succès militaire chinois est immédiat. Mal préparées, les troupes indiennes ne peuvent que battre en retraite et laisser sur le terrain 70% de ses effectifs, tués ou faits prisonniers. La Chine occupe alors les territoires de l’Aksai Chin (38 000 km²) et du futur Etat indien de l’Arunachal Pradesh, d’une superficie de 90 000 km².

Cependant, un mois plus tard, et alors que Moscou et Washington ont pris fait et cause pour New Delhi – les forces chinoises cessent le combat et se retirent de l’Arunachal Pradesh, territoire toujours revendiqué, à l’heure actuelle, par Pékin au nom de l’unité historique du Tibet. En revanche, elles se maintiennent dans l’Aksai Chin, encore réclamé par l’Inde.

Et plus de 50 ans plus tard, la situation est figée, l’Aksai Chin et le partie orientale du cachemire indien étant étant séparés par la Ligne de contrôle actuelle (LAC), longue de plus de 4.000 km. En 1993 et 1996, la Chine et l’Inde ont signé des accords afin d’y maintenir la paix mais sans toutefois arriver à se mettre d’accord sur les différends frontaliers qui les opposent.

Dans le même temps, les deux pays, qui disposent de l’arme nucléaire, ont augmenté leurs capacités militaires dans ce secteur. Deux divisions indiennes de montagne (36.000 hommes) ont pris position près de l’Arunachal Pradesh. Et New Delhi y a également renforcé ses moyens aériens. La Chine ne serait d’ailleurs pas en reste, elle qui, en plus, peut compter sur le concours de son allié pakistanais.

Mais les choses ont connu un tour nouveau depuis que les autorités indiennent accusent leurs homologues chinoises d’avoir envoyé des troupes au-delà de la LAC. Selon New Delhi, des dizaines de militaires chinois auraient établi, depuis le 15 avril, un camp à une dizaine de kilomètres au-delà de la LAC avec l’appui de deux hélicoptères.

Et, le 23 avril, le ministère indien des Affaires étrangères a affirmé avoir demandé à la Chine de retirer ses troupes et de « maintenir dans ce secteur le statu quo antérieur à cet incident. » Et d’ajouter : « Des mécanismes de résolution pacifique des conflits frontaliers existent et si les troupes des deux pays doivent se trouver face à face, elles devront faire preuve de retenue et prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter une escalade. » De son côté, le ministre indien de la Défense, A.K Antony a prévenu que l’Inde « protégera ses intérêts »

A Pékin, où l’on entend rien céder sur les revendications territoriales, comme en témoignent les tensions actuelles avec le Japon au sujet de l’archipel Senkaku/Diaoyu, l’on qualifie les accusations indiennes de « spéculation. » « Nos troupes patrouillent du côté chinois de la Ligne de contrôle actuelle (LAC) et n’ont jamais violé cette ligne », a affirmé Hua Chunying, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Même s’il estimé des discussions diplomatiques entre les deux pays étaient inutiles et que le problème se règlerait par une discussion de terrain entre leurs responsables militaires respectifs, le ministre des Affaires étrangères indien, Salman Khurshid, devrait toutefois évoquer ce dossier lors de son prochain voyage en Chine, prévu le 9 mai.

Cela étant, l’hypothèse d’une possible guerre entre l’Inde et la Chine à cause de ce différend frontalier a été clairement envisagée dans un rapport intitulé « Non alignment 2.0 » et rédigé en 2012 par un groupe d’experts indiens indépendants.

Prenant en compte la supériorité militaire théorique de la Chine et avec la défaite de 1962 en mémoire, ces derniers ont suggéré que l’armée indienne devrait se préparer un mener un conflit « asymétrique », en déclenchant, par exemple, une « insurrection » dans les zones susceptibles de passer sous contrôle chinois. Pour cela, ils ont préconisé le recrutement de Tibétains du Ladakh ainsi que de Tibéto-Birmans de l’Arunachal dans des unités paramilitaires afin de les « entraîner à passer au mode de la guérilla en cas de nécessité. »

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