La Serbie et le Kosovo normalisent leurs relations

Au terme de négociations âpres et difficiles qui auront duré plusieurs mois, la Serbie et son ancienne province du Kosovo, qui avait proclamé son indépendance en février 2008, ont finalement annoncé, le 19 avril, être arrivées à un accord visant à normaliser leurs relations, dans le cadre d’une médiation de l’Union européenne.

Pourtant, au début du mois, l’on était encore d’un quelconque accord, tant les positions défendues par Belgrade et Pristina semblaient inconciliables. Pour le Premier ministre serbe, Ivica Dacic, il n’était alors pas possible d’accepter « des principes présentés verbalement » à son équipe de négociateurs à Bruxelles, car « ils ne garantissaient pas une sécurité totale et la protection des droits de l’homme pour les Serbes du Kosovo. »

Et, dans un entretien donné au quotidien Le Monde, il avait alors qualifié les propositions faites par l’ancienne province serbe d' »humiliantes, inacceptables et inapplicables sur le terrain. » Et d’ajouter : « La communauté internationale disait auparavant qu’il n’y aurait pas de partition du Kosovo, que le maximum possible pour les Serbes serait une autonomie vaste au Nord. A présent, plus aucune autonomie n’est offerte. Chaque ville française aurait plus de pouvoirs que cette communauté serbe du Kosovo. »

« Le fossé entre les deux parties est très étroit, mais profond », avait commenté Catherine Ashton, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. « J’espère que le Kosovo et la Serbie ne rateront pas l’opportunité de tourner la page du passé et d’aller de l’avant », avait-elle ajouté, après leur avoir demandé un nouvel effort.

Et visiblement, l’opiniâtreté a fini par payer. « Les propositions de la Serbie ont été acceptées. J’ai paraphé une proposition de texte sur laquelle les deux parties vont se prononcer dans les prochains jours pour dire si elles l’acceptent ou si elles la refusent », a affirmé Ivica Dacic. « Cet accord ouvre la voie à une normalisation entre nos deux pays, nos deux peuples » a fait valoir Hashim Thaçi, son homologue kosovar.

L’un des points de blocage était alors la politique d’isolement du Kosovo menée par la Serbie. Par exemple, Belgrade refusait l’adhésion de Pristina aux organisations internationales, comme les Nations unies, voire l’Union européenne. D’où l’inflexibilité des négociateurs kosovars sur les zones nord de leur territoire, peuplées par 50.000 Serbes. Visiblement, chacun a fait le pas qu’il fallait pour arriver à un accord.

Ainsi, en échange, la communauté serbe du Kosovo aura le droit de nommer son chef de police régionale, toutefois soumis aux ordres de Pristina, et aurait également la charge de charge de la gestion des tribunaux dans les régions où elle est majoritaire, le texte stipule qu' »aucune des parties ne bloquera ou n’encouragera d’autres à bloquer la progression de l’autre dans leurs chemins respectifs vers l’UE. »

Car là est aussi une des clés du dossier étant donné que Bruxelles avait indiqué qu’un échec des discussions pouvait compromettre l’adhésion pour Belgrade et le rapprochement pour Pristina vers l’Union européenne. Cette dernière devra d’ailleurs prendre une décision sur l’ouverture de négociations à ce sujet le 22 avril.

Cela étant, cet accord ne satisfait pas les Serbes du Kosovo, qui ont demandé la tenue d’un référendum pour qu’il soit définitivement accepté.

« Je rappelle aux gens de Belgrade qu’ils doivent rester fidèles à la Constitution serbe, qui stipule que le Kosovo fait partie intégrante de la Serbie, et que personne ne peut signer un accord qui placerait les municipalités [serbes] sous juridiction albanaise », avait prévenu Krstimir Pantic, l’un des chefs de file de la communauté serbe du Kosovo.

Pour rappel, plus de 300 militaires français sont encore déployés au Kosovo, dans le cadre de la KFOR, la mission de l’Otan dans cette ancienne province serbe. Le 4e escadron du 1er régiment de Chasseurs de Thierville sur Meuse arme actuellement l’escadron d’éclairage et d’investigation (EEI) du Multinational Battle group Est (MNBG-E).

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