Le narcotrafic est en train de gagner la guerre en Aghanistan

Rien n’y fait. Et il n’y a pas besoin d’attendre l’après 2014 pour savoir que l’Otan a perdu la bataille de l’opium en Afghanistan. Or, les trafics de ce produit stupéfiant entraînent des problèmes majeurs de sécurité, dans la mesure où ils alimentent les réseaux criminels, favorisent la corruption, financent les groupes terroristes et provoquent de lourds problèmes sanitaires.

Champignons parasites, mauvaises conditions météorologiques, incitations à planter des cultures vivrières, les destructions de plantations, les saisies de quantités énormes de drogue… Non, rien n’y fait : la culture du pavot continue de s’étendre en Afghanistan et les revenus qui en sont tirés ont atteint un niveau que l’on n’avait plus vu depuis 2001. C’est du moins ce qui ressort du dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), publié le 15 avril. Désormais, la production aghane d’opium représente 90% du marché mondial, soit 60% du PIB afghan.

Ainsi, par rapport à l’année dernière où elles avaient déjà progressé de 12%, les surfaces cultivées de pavot ont augmenté de 30% en 2013. Et il n’est pas la peine d’inciter les paysans afghans de se lancer dans les cultures vivrières. Avec un rapport de 0,41 dollars par kilo, le blé ne fait pas le poids face à l’opium frais, qui se négocie autour de 160 dollars le kilo, ou encore face à l’opium séché, qui rapporte 203 dollars par kilo (et encore, ces prix sont en baisse de 11 à 18% si on les compare à ceux pratiqués en 2012).

D’après l’UNODC, les zones affectées par l’insécurité liées aux actions des insurgés afghans sont celles où les cultures de pavot progressent le plus, comme cela été le cas, en 2013, dans 12 provinces, dont celle de Farah, dans l’ouest du pays, jusque-là considérée comme calme jusqu’à ce qu’ele soit marquée, depuis le début de l’année, par plusieurs attaques sanglantes.

Anciennes zones placées sous la responsabilité des troupes françaises entre 2008 et 2012, la province de Kapisa et le district de Surobi connaissent également une augmentation des surfaces dédiées au pavot. Si, comme l’estime l’UNODC, ce phénomène est liée à l’expansion de l’influence des insurgés, alors les forces afghanes peinent à assurer la sécurité depuis le départ des soldats français…

Cela étant, si la progression de l’insurrection afghane semble favoriser l’extension des cultures de pavot, ce n’est pas elle qui en profite le plus. Ainsi, les taliban se contentent de prélever une taxe sur le transport de la drogue dans les secteurs considérés comme étant leurs fiefs, ce qui leur permet de financer à hauteur de 10 à 15% leurs opérations de guérilla. D’ailleurs, à la question de savoir pour quelles raisons ils font pousser du pavot, aucun paysan afghan interrogé affirme qu’il a été encouragé par des « éléments hostiles au gouvernement » (et ils étaient 0,5% à le dire en 2012).

La manne de l’opium est en fait partagée entre les différentes composantes éthniques de l’Afghanistan. Commes les années passées, l’ONUDC indique que 60% des élus afghans sont liés « de près ou de loin » au narcotrafic, que ce soit des seigneurs de guerre locaux, des membres du gouvernement et même des proches du président Karzaï.

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