Le centenaire discret de l’aviation militaire belge

Le 20 avril 1913, le Moniteur publiait un arrêté royal qui, signé 4 jours plus tôt par Albert Ier, portait sur la création d’une « Compagnie des aviateurs » et celle d’une école de pilotage. En clair, il s’agissait de l’acte de naissance de l’aviation militaire belge, laquelle a donc fêté ses 100 ans cette semaine.

Seulement, en raison des restrictions budgétaires, aucune manifestation publique n’a été prévue pour commémorer dignement cet évènement. Les aviateurs belges devront attendre le 21 juillet prochain, jour de leur fête nationale, pour cela.

C’est en 1910 que l’armée belge, intéressée par les possibilités offertes par l’aviation et sous l’impulsion du général Joseph Hellebaut qui venait de faire un baptême de l’air, achète son premier « aéroplane », en l’occurrence un Henri Farman H.F.3 de type circuit. Plus tôt, à l’initiative de deux industriels, le baron Pierre de Caters et le chevalier Jules de Laminne, des militaires volontaires avaient eu l’opportunité de s’entraîner à voler sur leurs aérodromes privés.

En 1911, la première école de pilotage militaire voit le jour en Belgique, précisément sur le terrain de Brasschaat, au nord d’Anvers, avec un Aviator n°2 et un Farman Extra Course. Pour la petite histoire, ce site a été dissous en 2006…

La même année, deux avions de Brasschaat prennent part à des exercices afin de démontrer leur utilité militaire. Les expériences se poursuivent alors et l’une d’elle consistera à fixer une mitrailleuse sur un aéronef et lui faire exécuter des passes sur une cibles au sol. A la fin 1912, le commandant Emile Mathieu, alors commandant de la compagnie Ouvriers et Aérostiers, qui, dotée de montgolfières d’observation, dépendait du Génie, formule des propositions pour créer une aviation militaire belge, lesquelles aboutiront donc quelques semaines plus tard.

A la veille de la Première Guerre Mondiale, l’aviation belge ne compte qu’une compagnie d’aviateurs composée de 4 escadrilles équipées par des H.F 20. Soit 37 pilotes et observateurs épaulés par 8 civils mobilisés avec leurs propres appareils. Mais, dès le début du conflit, les pertes sont lourdes, pas à cause de l’ennemi mais en raison de la fragilité des appareils.

A l’armistice du 11 novembre 1918, l’aviation belge compte 200 avions répartis dans 12 escadrilles, dont une équipée par des hydravions, ainsi que 250 pilotes formés en France. Au total, elle aura obtenu 125 victoires aériennes.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le territoire belge ayant été balayé par les troupes allemandes, nombreux ont été les aviateurs belges a rejoindre leur gouvernement en exil à Londres et à s’illustrer au sein de la Royal Air Force, comme le général Mike Donet, qui, évadé de Belgique en 1941 à bord d’un avion d’entraînement volé à l’occupant, deviedra le commandant du 350 Squadron, la première escadrille belge. Ou comme Georges Japis, qui, en janvier 1944, obtiendra la 100e victoire des pilotes d’outre-Quiévrain en abattant un Ju-88.

Les aviateurs belges seront quasiment de toutes les engagements majeurs ayant eu lieu sur le front occidental, que ce soit lors de la bataille d’Angleterre, à Dieppe, en Normandie, dans les Ardennes, ou même encore en Afrique. Ils ont ainsi obtenu 161 victoires confirmés et 37 probables. A ce total, il faut aussi ajouter la destruction de 42 V1. Mais ce palmares a un prix : celui du sang, avec 225 d’entre eux morts au combat.

Après la guerre, le gouvernement belge décide que toutes les unités belges ayant combattu au sein de la Royal Air Force formeront une entité indépendante des Forces terrestres. En 1949, elle prend l’appellation de « Force aérienne. » Mais depuis 2001, le noyau opérationnel de cette dernière a pris le nom de « composante Air. »

Actuellement, l’aviation belge met notamment en oeuvre une cinquantaine d’avions de combat F-16, 11 C-130 Hercules ainsi qu’une vingtaine d’AlphaJet, basés en France, précisément à Cazaux.

Les liens entre l’armée de l’Air et la composante Air belge sont anciens. Comme on l’a vu, les pilotes belges ont été formés en France dès la Première Guerre Mondiale. Et c’est encore aujourd’hui étant donné qu’en vertu d’un accord signé en 2004, l’instruction de tous ses pilotes se fait à Tours et à Cazaux (Chasse), Dax (hélicoptères) et Bourges-Avord (transport) après un entraînement initial sur Siai Marchetti SF260 à Beauvechain.

Cela étant, la formation des élèves pilotes de chasse belges va évoluer dans un proche avenir, étant donné que le passage par l’Ecole de l’Aviation de Chasse de Tours sera supprimé. Leur instruction se fera intégralement à Cazaux, d’où ils rejoindront par la suite la base de de Kleine-Brogel pour leur conversion opérationnelle sur F-16.

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