Le Pentagone ne veut pas faire de commentaires sur l’éventuel usage d’armes chimiques en Syrie

Visiblement, le possible usage d’armes chimiques en Syrie pose un problème au Pentagone. L’été dernier, le président Obama avait affirmé qu’une telle éventualité serait de nature à motiver une intervention militaire contre le régime de Bachar el-Assad.

Or, il semble bel et bien que de telles armes aient été utilisées. La semaine passée, des diplomates en poste aux Nations unies ont confié qu’il existait en effet des « preuves solides » concernant l’emploi de substances chimiques. Un élément confirmé, si l’on en croit le quotidien The Times, par un laboratoire du ministère britannique de la Défense.

« Le Royaume-Uni est de plus en plus préoccupé par le fait qu’il y ait des preuves de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Ces allégations doivent être examinées d’urgence », avait affirmé William Hague, le chef du Foreign Office.

Mais comme il n’est pas possible de déterminer, pour le moment, quel camp a effectivement utilisé des armes chimiques, les Occidentaux font désormais preuve de prudence. Et puis ils sont désormais peu pressés d’intervenir militairement en Syrie, et cela d’autant plus qu’un des principaux groupes rebelles, le front al-Nosra, a fait allégeance à al-Qaïda.

Interrogé sur cette affaire par un sénateur de la commission des Forces armées, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a botté en touche. « Nos agences de renseignement sont plus en mesure de dire ce que nous savons et ce que nous ne savons pas (…). Je crois que cela doit être abordé lors d’auditions à huis clos », a-t-il déclaré.

Quant au chef d’état-major interarmées, le général Martin Dempsey, il n’a guère été plus loquace. « Je ne peux rien dire de plus pendant cette audition », a-t-il répondu au sénateur John McCain, qui l’interrogeait également sur l’usage d’armes chimiques en Syrie.

Pour autant, les deux responsables du Pentagone ont réaffirmé la position officielle définie par le président Obama. « Si Assad et ceux sous son commandement ont recours aux armes chimiques ou manquent à leurs obligations de les sécuriser, il y aura des conséquences et ils seront tenus pour responsables », a rappelé Chuck Hagel.

Quant à la sécurisation des arsenaux chimiques syriens, dont l’on redoute qu’ils puissent tomber entre de mauvaises mains (mais est-ce déjà le cas?), le général Dempsey a expliqué que cela pourrait être délicat car les armes en question « ont été déplacées et que les sites de stockage sont assez nombreux. »

Pourtant, en septembre dernier, la localisation des armes chimiques syriennes, même après avoir été déplacées, ne semblait pas poser de problème. « Selon des renseignements concernant certaines de ces installations, il y a eu des déplacements par les Syriens pour améliorer la sécurité (…) de ces arsenaux chimiques », avait affirmé Leon Panetta, le prédécesseur de Chuck Hagel à la tête du Pentagone. « Donc, alors qu’il y a eu des mouvements limités, les principaux sites demeurent en place et restent en sécurité », avait-il insisté.

En attendant, la seule décision annoncée par M. Hagel est l’envoi en Jordanie d’une unité d’état-major de l’US Army, soit 200 hommes, afin de renforcer « les efforts engagés l’an dernier pour éviter une contagion des violences » à ce pays et, le cas échéant, sécuriser les stocks d’armes chimiques syriens. Si l’on s’en tient à ce qu’avait déclaré Leon Panetta en janvier dernier, il n’est pas question pour les Etats-Unis d’envoyer des troupes en territoire syrien « pour une telle mission dans un environnement hostile.

En réaction à l’annonce de cette mesure, le président syrien a affirmé que « l’incendie ne s’arrêtera pas à nos frontières, tout le monde sait que la Jordanie est aussi exposée (à la crise) que la Syrie », en faisant valoir que « des milliers de combattants étaient entrés en Syrie par la Jordanie pour affronter l’armée syrienne. »

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