Une commission parlementaire suisse attend des précisions sur l’achat d’avions Gripen E/F

Le constructeur aéronautique suédois Saab a récemment indiqué que des composants de son nouvel avion de combat Gripen E/F seront exclusivement fabriqués par des entreprises suisses dans le cas où l’achat de 22 exemplaires de cet appareil est confirmé par Berne. Seulement, et pour le moment, l’on n’en prend pas le chemin.

En mars dernier, tout en acceptant le principe d’un achat de nouveaux avions de combat, le Conseil des Etats, c’est à dire la chambre haute de le Confédération, avait refusé, à une courte majorté, de voter les crédits nécessaires à l’acquisition du Gripen, appareil qui était sorti vainqueur d’un appel d’offres face au Rafale de Dassault Aviation et à l’Eurofighter.

Pourtant, en commission, le projet avait été adopté. Mais, l’aveu d’Ueli Maurer, le chef du département de la défense, qui avait indiqué n’avoir pas lu le contrat rédigé en anglais et signé avec Stockholm au sujet de la livraison des Gripen a sans doute pesé lourd dans la décision finale.

Désormais, le dossier est entre les mains de la commission de la politique de sécurité du Conseil national. Et cette dernière a convenu qu’elle examinerait l’achat des 22 Gripen qu’une fois après avoir obtenu davantage de garanties sur le contrat, c’est à dire pas avant août prochain. Et plusieurs points doivent être, selon sa présidente, Chantal Galladé, être précisés, comme par exemple sur le risque de change ou encore sur les montants compensatoires et les transferts de technologie.

Ainsi, cette commission souhaite que Berne obtienne des garanties supplémentaires auprès de Stockholm, notamment pour ce qui a trait aux sanctions et aux pénalités en cas de non respect du contrat. En outre, elle demande qu’aucun accompte dépassant 15% ne soit versé. L’idée de louer des Gripen C/D d’ancienne génération – ceux-là mêmes qui n’avaient guère brillé lors des évaluations face au Rafale et à l’Eurofighter – afin de faire la jointure avec la livraison des appareils commandés pourrait être abandonnée, les élus l’estimant trop onéreuse.

La vente de ces 22 avions est extrêmement importante pour Saab dans la mesure où elle est une condition pour que le programme du Gripen E/F puisse continuer. Si elle venait à échouer, alors le projet des forces aériennes d’en acquérir 60 exemplaires pourrait être annulé. Et l’existence même du constructeur serait remise en question.

Aussi, les concurrents de Saab tentent de convaincre Berne de revenir sur sa décision initiale. C’est ce qu’avait tenté de faire Dassault Aviation, l’an passé, en formulant une nouvelle offre. Le consortium Eurofighter n’est pas en reste non plus. Et il continue même à maintenir la pression.

Selon le journal Blick, EADS est même revenu à la charge en proposant 22 Eurofighter pour 1,5 milliards de francs suisses, soit deux fois mois que la Confédération aura à débourser pour les Gripen. Pour rappel, il avait été avancé que le prix était le critère déterminant pour le choix de l’appareil appelé à remplacer les F-5 Tiger des forces aériennes suisses.

« On sent que tout a été fait pour favoriser Gripen et qu’on n’a pas négocié à fond avec les autres concurrents. D’ailleurs, Ueli Maurer et son équipe n’apparaissent ni convaincants ni convaincus », a commenté un élu suisse, d’après le quotidien Le Matin.

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