Ouverture du procès de la fusillade de Carcassonne

Lors de la journée « portes ouvertes » du 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) du 28 juin 2008, à Carcassonne, une démonstration de libération d’otages effectuée par un Groupement de commandos parachutistes (GCP) tourna mal, un sous-officier ayant introduit dans son fusil d’assaut doté d’un BTB (bouchon de tir à blanc) des munitions réelles en lieu et place de cartouches à blanc. Bilan : 16 personnes furent blessées, dont 5 enfants.

L’affaire fit grand bruit à l’époque. Le chef d’état-major de l’armée de Terre, qui était le général Bruno Cuche, remit sa démission. Le président Sarkozy parla de « comportement d’amateurs », ce qui fut pris pour l’ensemble des militaires.

Dans la foulée, une enquête de commandement fut menée. Elle mit en évidence des dysfonctionnements au niveau de la gestion des munitions, les cartouches n’étant pas systèmatiquement restituées à l’isssue d’entraînements ou d’opérations.

Et plusieurs sanctions furent presque immédiatement prise contre plusieurs militaires du 3e RPIMa, dont le colonel Merveilleux du Vignaux, alors chef de corps du régiment, et son second, le lieutenant-colonel Peyre. Quant à l’auteur des tirs, le sergent Nicoals Vizioz, il fut révoqué de l’armée en décembre 2008, sans droit à pension.

Quant à la justice, elle a pris son temps puisque le procès concernant cette affaire va s’ouvrir ce 10 avril, devant le tribunal correctionnel de Montpellier, compétent en matière d’affaires militaires. Soit presque 5 ans après les faits. Il faut dire que le dossier a changé de mains, au gré des mutations des juges d’instruction qui en avaient la charge.

Au total, 6 anciens du 3e RPIMa sont appelés à comparaître pour répondre de « blessures involontaires aggravées ». Outre le sergent Vizioz, qui n’a jamais cherché à fuir ses responsabilités, le colonel Merveilleux du Vignaux et le lieutenant-colonel Peyre, le lieutenant Christophe Allard, le chef de section de l’auteur des tirs, le capitaine Hugues Bonningues, commandant du GCP, ainsi que que le capitaine Jean-Baptiste Pothier, l’organisateur de la manifestation, sont également concernés par cette affaire. Enfin, un septième, l’adjudant Claude Choquet, alors chef du bureau de la maintenance et de la logistique, est également inquiété, mais pour « contrôle fautif de munitions de guerre. »

Depuis la fusillade, le capitaine Bonningues a été radié des cadres en 2010 et le lieutenant Allard a démissionné de l’armée.

Qui plus est, le général Jean-Marc Duquesne, qui était le commandant de la 11e Brigade Parachutiste (BP) en 2008, sera convoqué en qualité de témoin. D‘après Me Hervé Gerbi, l’avocat de parties civiles, s’il a « bénéficié d’un non-lieu dans l’enquête judiciaire », sa « responsabilité a été reconnue dans l’enquête de commandement menée par l’armée ». Et d’estimer que « ses explications sont nécessaires lors du procès. »

L’enquête de commandement a relevé que le « général commandant la 11e brigade ne s’est manifestement pas impliqué pour relayer à son niveau auprès de ses chefs de corps les ordres sur les mesures à prendre pour éviter la détention illégale de munitions. »

Au cours de l’instruction, le sergent Vizioz, dont les analyses montré qu’il n’avait consommé ni drogue ni alcool, n’a jamais pu expliquer comment il avait pu mélanger les cartouches. Il a reconnu toutefois avoir conservé un demi-chargeur de munitions réelles à l’issue d’un exercice. « Il s’est trompé lorsqu’il a rechargé son arme. Cet acte n’était absolument pas prémédité, je suis très clair sur ce point. Il s’agit d’une maladresse, d’une erreur humaine, mais absolument pas d’une volonté de nuire », a affirmé le procureur de la République à l’antenne d’Europe 1.

Mais sans doute que la gestion des munitions au 3e RPIMa occupera une grande partie des débats, l’enquête ayant permis de découvrir que 5.200 cartouches grappillés au fil du temps avaient été illégalement stockées dans un local du régiment afin d’éviter aux marsouins de passer par l’armurerie avant des exercices.

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