Pour Laurent Fabius, les rebelles touareg du MNLA devront déposer les armes « le moment venu »

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a affirmé, lors d’un déplacement à Bamako, le 5 avril, que les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (ndlr, Nord-Mali) devront tôt ou tard déposer les armes.

« Le moment venu, il faudra que tout groupe – ça vaut pour le MNLA comme pour tout autre groupe armé – accepte d’être cantonné et de renoncer à ses armes », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

« Dans un pays démocratique, il ne peut pas y avoir deux armées », a-t-il insisté, en soulignant que la ville de Kidal, bastion de la rébellion touareg, fait partie du territoire malien. Or, il se trouve que cette dernière y a refusé la présence des forces armées maliennes (FAM) pour combattre les groupes terroristes qui étaient implantés dans l’Adrar des Ifoghas, cette tâche ayant été assumée par les militaires français et tchadiens.

« Il y a une situation spécifique liée au fait que le MNLA est présent (à Kidal) et que des forces françaises sont là, il n’y a aucune connexion entre les deux. La question qui se pose est: comment arriver à une situation normalisée? Nous pensons (…) qu’il faut qu’il y ait un dialogue. Il faut qu’entre gens de bonne volonté, on puisse se parler », a expliqué M. Fabius. « Le maximum doit être fait afin que Kidal retrouve la normalité », a-t-il ajouté.

Seulement, interrogé par la Voix de l’Amérique, Ibrahim Mohamed Ag Assaleh, le responsable des relations extérieures du MNLA, a répondu que « la France n’a pas à dicter ce qu’il faut faire. »

Le MNLA a été à l’origine de l’offensive lancée en janvier 2012 contre l’armée malienne au Nord-Mali, d’où il a finalement été évincée par les organisations jihadistes qui lui avaient apporté leur concours. A l’époque, il exigeait l’indépendance de l’Azawad. Depuis, il y a renoncé mais demande toujours l’autodétermination de cette région. Les autorités maliennes seraient susceptibles de négocier à la condition que les rebelles touaregs s’engagent à respecter l’intégrité territoriale du pays.

Par ailleurs, Laurent Fabius a confirmé le calendrier défini par le président Hollande le 28 mars dernier. « La France a proposé aux Nations unies et au gouvernement malien d’avoir une force d’appui française d’un millier d’hommes, qui sera permanente, qui sera au Mali, et qui sera équipée pour lutter contre le terrorisme », a-t-il dit.

Cette déclaration tranche avec celles faites au début de l’opération Serval et qui disaient que la France « n’avait pas vocation à rester au Mali. » Manifestement, ce ne sera donc pas le cas…

Quoi qu’il en soit, si l’on compte les instructeurs français de la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), la présence militaire française dans le pays sera relativement importante, avec des effectifs supérieurs à 1.000 hommes.

Enfin, il est nécessaire pour M. Fabius que les institutions maliennes soient légitimes. « La communauté internationale a les yeux braqués sur vous », a-t-il lancé au président par intérim Dioncounda Traoré. « Rétablir la sécurité c’est essentiel, mais le dialogue et la démocratie aussi, et c’est sur vos épaules que cela repose », a-t-il poursuivi.

Selon le ministre, il est «  »techniquement et politiquement faisable » d’avoir un « président légalement élu en juillet » alors que beaucoup sont sceptiques sur la tenue d’élections dans des délais aussi courts, étant donné qu’il reste encore 400.000 déplacés et réfugiés malien.

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