Retour sur les combats d’Imènas, près de Gao

Le 1er mars dernier, l’on apprenait que de violents combats avaient eu lieu dans la région de Gao, plus précisément à une soixantaine de kilomètres de cet ancien bastion du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), près du village d’Imènas (ou In-Manas selon les sources).

Jusqu’à présent, l’on savait qu’une cinquantaine de jihadistes furent tués au cours de cet affrontement, auquel avait participé le Groupement tactique interarmes (GTIA) 2, constitué autour du 92e Régiment d’Infanterie (RI) de Clermont-Ferrand. Mais Le Figaro a donné plus de détails sur les conditions de cet engagement.

Ainsi, suite à des attaques du Mujao à Gao même, les militaires français ont lancé des opérations de ratissage dans le secteur. Selon des informations fournis par le renseignement, le village d’Imènas était alors considéré comme étant un possible point de transit pour les jihadistes. D’où la reconnaissance décidée le 1er mars, avec 200 hommes et 16 blindés du 92e RI et autant de soldats maliens.

La fouille de cette localité ne donna rien. Par acquit de conscience, les militaires français décidèrent d’aller voir de plus près un bois tout proche. A peine était-elle arrivée à proximité que la section envoyée en reconnaissance fut prise sous le feu nourri des jihadistes.

Les blindés furent alors visés par des tirs de roquettes RPG, et l’un d’eux étant même à deux doigt d’être submergés par les combattants du Mujao. Grâce à l’entraînement mais aussi à l’expérience acquise en Afghanistan, les militaires français parvinrent à se dégager puis à se réorganiser afin de se mettre en position pour garder l’initiative. « On les voyait dans les yeux », a raconté, au quotidien, un officier du 92e RI. Dans le même temps, les hélicoptères du Groupement aéromobile (GAM) arrivèrent pour empêcher les terroristes de recevoir des renforts et des munitions.

Par vagues, les hommes du Mujao réussirent à s’approcher à moins de 10 mètres des positions défendues par les militaires français et maliens. « Les têtes éclataient comme des melons », a confié un soldat. Mais ce qui apparaît comme des actions kamikazes n’en sont pas, comme le relève le colonel Bruno Bert, le chef de corps du 92e RI. « Les jihadistes n’étaient pas du tout désorganisés. Ce n’était pas du suicide. Ils bougeaient. Ils ont tenté à plusieurs reprises de nous contourner tant par la droite que par la gauche. Ils ont combattu », a-t-il expliqué.

A l’issue des combats, qui durèrent au moins 4 heures sans faire de perte dans les rangs français et maliens, il sera compté 51 cadavres abandonnés de jihadistes, les autres, profitant de l’obscurité, ayant pris la fuite. D’après le colonel Bert, il y aurait eu plus d’une centaine de combattants ennemis, voire même le double selon le renseignement. La fouille du bois permit de découvrir des caches d’armes et des postes de combat aménagés.

Alors que l’on pensait que la partie la plus difficile au Nord-Mali concernait essentiellement l’Adrar des Ifoghas, où de nombreux jihadistes se sont repliés devant l’avance des troupes françaises de l’opération Serval, la situation dans le secteur de Gao est tout aussi délicate, dans la mesure où la population civile est davantage sensible aux thèses salafistes que dans le reste du pays. De quoi rappeler l’Afghanistan…

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