Les narco-trafiquants peuvent se réjouir des économies imposées au Pentagone

Depuis une dizaine d’années, les Etats-Unis apportent une assistance militaire aux pays d’Amérique centrale afin de lutter contre le trafic de drogue. Ainsi, des soldats américains ont été déployés au Guatemala, des radars ainsi que des bases avancées ont été installés au Honduras et des programme de formation ont été mis sur pied. L’US Navy est également sollicitée, avec l’envoi de 4 navires affectés à des patrouilles dans les eaux du Pacifique et des Caraïbes et d’au moins 6 avions de reconnaissance.

Depuis 2001, le budget annuel dépensé par Washington pour ces opérations est passé de 2,7 milliards à 5,7 milliards de dollars. En 2012, et d’après le général John Kelly, le chef de l’US Southern Command, ces efforts ont permis de saisir entre 150 et 200 tonnes de cocaïne, soit près de 20% de la drogue à destination des grandes villes américaines.

Seulement, faute d’accord au Congrès sur le niveau de la dette américaine, le Pentagone doit faire face à des coupes automatiques dans son budget. D’ici la fin septembre, il doit trouver 46 milliards de dollars d’économies. Au total, l’effort financier qui lui sera demandé sera de quelque 500 milliards en 10 ans.

Du coup, les opérations anti-drogue risquent d’être compromises. D’où la mise en garde lancée la semaine passée par le général Kelly, lors d’une audition devant une commission du Congrès.

« Une fois que la drogue a quitté l’Amérique centrale, il y a très peu de chances de l’empêcher d’arriver sur le marché américain », a-t-il fait valoir. « Si je perds ces moyens, s’ils tombent à zéro comme certains le prédisent, toute la cocaïne, et même davantage, se retrouvera dans les rues de New York ou de Boston très, très rapidement », a-t-il prévenu.

Cela étant, pour certains, la militarisation de la lutte contre les trafics de drogue n’est pas forcément la plus appropriée. « Vous ne pouvez pas seulement vous focaliser sur l’aspect militaire. S’il y a une chose que les Etats-Unis devraient avoir compris depuis 10 ans (…) c’est qu’il faut renforcer les institutions civiles chargées de faire appliquer les lois dans les pays de transit », a ainsi estimé Mark Schneider, le vice-président de l’International Crisis Group, cité par l’AFP.

Quoi qu’il en soit, la pression sur les narco-trafiquants risque fort de baisser d’un cran. Ces derniers devaient par ailleurs être contrariés par l’opération militaire en cours au Mali, laquelle a désorganisé les filières. En effet, il est estimé que 10% de la cocaïne arrivant en Europe passe par l’Afrique, et plus particulièrement la zone sahélienne. D’après le chercheur Mathieu Guidère, les mouvements jihadistes implantés dans la région demandaient un droit de passage correspondant à 10% de la valeur des cargaisons et assuraient, en plus, leur protection.

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