Les rebelles ont repris les armes en Centrafrique

L’accord de cessez-le-feu entre la coalition rebelle de la « Séléka » et les autorités centrafricaines n’aura duré qu’un peu plus de deux mois. Devant le peu d’empressement du président François Bozizé à respecter les engagements pris à Libreville, la rébellion lui avant lancé un ultimatum de 72 heures après avoir indiqué retenir 5 ministres pourtant issus de ses rangs.

Le 20 mars, le président Bozizé a fini par signer deux décrets, l’un portant sur la libération des prisonniers politiques détenus depuis mars 2012, l’autre levant le couvre-feu à Bangui, ce qui devait ainsi permettre le retrait des barages mis en place par les partisans du pouvoir en place, qui, regroupés en associations citoyennes, étaient accusés de racket et d’arrestations arbitraires.

Insuffisant pour la Séléka. « Ce n’est pas encore ça. Ca ne suffit pas », a ainsi affirmé le le colonel Djouma Narkoyo, un des chefs rebelles. « On peut lui accorder une chance s’il accepte d’exécuter les revendications. Ces revendications existent depuis le 11 janvier mais on peut encore lui donner un délai, mais il faut qu’il mentionne sa volonté de ramener la paix dans le pays », a-t-il toutefois ajouté.

Mais, a-t-il encore avancé, « il (Bozizé) a fait semblant de signer des décrets mais il n’a pas parlé du recrutement de nos éléments dans l’armée centrafricaine (…) ni du départ des troupes centrafricaines et ougandaises. » Or, ces deux points figuraient dans l’accord de cessez-le-feu conclu à Libreville.

Finalement, aucun délai supplémentaire n’a été accordé et les rebelles de la Séléka ont repris les armes. Le 22 mars, certains d’entre eux ont forcé un barrage de la MICOPAX (Mission de consolidation de la paix de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale) à Damar, à 75 km au nord de Bangui. L’objectif de la rébellion serait de contrôler la capitale centrafricaine et de mettre en place un gouvernement de transition.

Et ce 23 mars, face à l’arrivée attendue des rebelles du Séléka, le Premier ministre, Nicolas Tiangaye, figure de l’opposition au président Bozizé, a lancé un appel à négocier afin d’éviter « un bain de sang. »

« Le Premier ministre demande à nos frères de la Séléka de se mettre en rapport avec le gouvernement d’union nationale pour trouver une solution pacifique et éviter un bain de sang », a indiqué Crépin Mboli Goumba, le porte-parole du gouvernement.

« Négocier avec le général Bozizé, non. Combien de fois avons-nous négocié avec lui? Ca ne donne jamais rien », a répondu le colonel Djouma Narkoyo. En revanche, il serait toujours possible de discuter avec la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, dont dépend la MICOPAX.

La France, qui dispose de 250 soldats en Centrafrique dans le cadre de l’opération Boali, s’est déclarée « préoccupée » par la situation. Elle a ainsi convoqué le Conseil de sécurité des Nations unies pour des consultations. En décembre dernier, suite à des incidents ayant visé son ambassade, Paris avait renforcé son dispositif militaire en envoyant deux compagnies de légionnaires pour épauler les marsouins du 8e RPIMa.

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