Budget de la Défense : Après les sénateurs, des députés montent au créneau, mais en ordre dispersé

La semaine passée, à l’initiative de Jean-Louis Carrère, le président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, l’ensemble des sénateurs, toutes tendances politiques confondues, à l’exception des écologistes, avaient exprimé leur « très vive préoccupation devant les perspectives de réduction de l’effort de défense de la France c’est-à-dire de sa capacité d’influence dans le monde » et estimé que le budget de la Défense ne devait pas représenter moins de 1,5% du PIB.

Cette action avait été motivée par l’existence de deux projets concernant l’avenir des forces armées. Le premier, appelé Y, prévoit un budget de la Défense compris entre 28 et 30 milliards d’euros. C’est le moins catastrophique puisque le second, appelé Z, défendu par le ministère du Budget, porterait à terme les dépenses militaires à seulement 1,1% du PIB. En clair, s’il est adopté, il aurait pour conséquence le déclassement stratégique de la France.

Aussi, et après les sénateurs, quelques députés ont fait entendre leur voix pour dénoncer ce scénario. Le 15 mars dernier, soit avant la lettre ouverte adressée par l’ancien Premier ministre, François Fillon, au président Hollande, des élus UMP membres de la commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale ont fait part de « leurs très vives inquiétudes quant aux diverses informations circulant sur la future parution du Livre blanc et ses conséquences sur la loi de programmation militaire. »

« Le Président de la République ne doit pas se servir du budget de la défense comme d’une variable d’ajustement budgétaire », ont-ils ajouté. « Il est impératif que les arbitrages rendus dans les prochaines semaines permettent la sauvegarde de notre outil de défense », ont-il fait valoir, en jugeant qu’il n’est « pas admissible, à l’heure où nos soldats sont engagés sur le terrain et démontrent au quotidien leur compétence et leur professionnalisme de faire peser sur nos forces armées de telles menaces. »

Pour le groupe UDI (centre-droit), le député du Tarn Philippe Folliot, par ailleurs secrétaire de la commission Défense, a réagi en rappelant « quelques axes principes et valeurs qui forgent notre République et sa souveraineté », dans un communiqué diffusé le 21 mars.

« Si l’on croit qu’être membre du Conseil de sécurité des Nations Unies avec ses droits et ses devoirs; que véhiculer des valeurs universelles de liberté, de démocratie et de droits de l’Homme; que promouvoir notre modèle culturel et la francophonie; que défendre nos intérêts économiques, stratégiques et énergétiques et que d’assumer la sécurité et la souveraineté, a minima au-delà du seul territoire métropolitain, en outre-mer et dans le deuxième domaine maritime mondial, est important, alors il faut se lever et dire que ces ambitions ne peuvent aller de pair qu’avec une défense globale, crédible et pérenne, que nous perdrons avec un budget inférieur au socle minimal de 1,5 % du PIB », a-t-il fait valoir.

Estimant que c’est la grandeur de la France qui va se jouer, le député rappelle que « la défense, dans l’indispensable effort partagé de redressement des finances publiques, a déjà été mise beaucoup plus à contribution (…) que les autres secteurs civils qui pourtant représentent 54,5% des 56% du PIB consacrés à la dépense publique. » Et d’ajouter que « moins 20% sur 1,5% du total ne représentera in fine que peu de choses. » Autrement dit, l’on prendrait le risque de casser l’outil militaire français pour, au final, un résultat qui ne sera pas au rendez-vous.

Qui plus est, pour Philippe Folliot, soulignant que la défense est « le premier recruteur » du pays et que son « rôle d’ascenseur social est connu et reconnu », de nouvelles baisses d’effectifs mettront « sur le carreau » des « dizaines de milliers de jeunes, souvent issus de quartiers difficiles et peu qualifiés.

Il n’y a pas que dans les rangs de l’opposition que la perspectives de coupes draconiennes dans le budget de la Défense préoccupent. Ainsi, le député socialiste du Morbihan Gwendal Rouillard a également lancé un appel pour que le pire soit évité. « Notre pays doit impérativement garder son ambition stratégique (…) et y conférer les moyens adaptés et opérationnels » avance-t-il, en estimant « totalement incohérent de vouloir sabrer l’outil de la Défense nationale par rapport à la décision d’intervenir militairement au Mali et à notre nouvelle stratégie en Afrique. »

« L’effort légitime de maîtrise de la dépense publique ne doit, en aucun cas, nous faire renoncer à la place de la France sur la scène internationale et à son potentiel d’industries, d’emplois, et d’innovation », a-t-il également mis en avant.

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