Le Mali fait valser les têtes au Quai d’Orsay

Alors que la France est engagée militairement au Nord-Mali contre les groupes jihadistes qui s’y étaient établis l’an passé, plusieurs diplomates ayant eu à exercer des fonctions dans cette partie du monde ont été remerciés au cours de ces dernières semaines.

Ainsi, en octobre dernier, Elisabeth Barbier, qui était alors en charge de la Direction Afrique-Océan Indien (DAOI) au Quai d’Orsay a été priée de quitter son poste pour, paraît-il, « incompatibilité d’humeur » avec Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. Elle a depuis été nommée ambassadeur en Afrique du Sud.

Autre personnalité évincée, en février dernier : le très expérimenté Jean Félix-Paganon, qui était alors représentant spécial pour le Sahel depuis juin 2012. Il devrait cependant être nommé ambassadeur au Sénégal et remplacer ainsi Nicolas Normand, qui fut nommé à ce poste en juin 2010.

En même temps que Jean-Félix Paganon, Laurent Bigot a également été écarté du dossier malien. Chargé de l’Afrique de l’Ouest depuis 2008, il lui a été reproché d’avoir tenu des propos bruts de décoffrage au sujet des autorités maliennes, en dénonçant une « démocratie de façade », affectée par « une corruption gangrenant depuis de longues années toutes les sphères jusqu’au plus haut niveau », lors d’une conférence à l’Institut français des relations internationales (IFRI) organisée en juillet 2012. Qui plus, il avait émis des doutes sur l’approche purement militaire pour régler la crise au Sahel juste avant le lancement de l’intervention française au Nord-Mali.

« Le déclenchement de l’opération ‘Serval’ a conduit le ministère des affaires étrangères à adapter son dispositif. C’est ainsi qu’a été créée une ‘task-force’ chargée de l’ensemble des volets de la crise au Mali : politique, diplomatique, sécuritaire et de développement », avait avancé lee porte-parole adjoint du ministère, Vincent Floreani, pour expliquer ces départs.

Mais manifestement, le dispositif du Quai d’Orsay demandait de nouvelles adaptations. En effet, Christian Rouyer, qui était encore l’ambassader de France à Bamako, vient d’être rappelé à Paris, ce 21 mars. Il sera remplacer par Gilles Huberson, un ancien saint-cyrien (promotion de la Grande Armée) qui était jusque-là à la tête la mission Mali-Sahel au ministère des Affaires étrangères. Il est dit que cet ancien officier est proche des « services », c’est à dire de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure).

Parmi les raisons qui circulent pour expliquer ce changement, il aurait été reproché à Christian Rouyer de manquer de « dynamisme » ou encore le manque « d’avancées politiques » à Bamako. Alors que Paris craignait le procès en colonialisme pour son intervention au Nord-Mali, il semblerait que, si tel est vraiment le cas, l’on ait oublié qu’un ambassadeur n’est justement pas un gouverneur…

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